Le nouveau Parlement libyen entre en fonction lundi sur fond de violences notamment dans la capitale Tripoli, où plus d'une centaine de personnes ont été tuées dans les combats qui opposent depuis plusieurs semaines des milices pour le contrôle de l'aéroport. L'Assemblée libyenne issue des élections du 25 juin dernier a tenu samedi une première réunion "consultative" à Tobrouk (est), la ville où doit également avoir lieu la séance inaugurale lundi, selon le député Abou Bakr Biira. "Nous voulons unir la patrie et mettre de côté nos différends", a souligné M. Biira. Cependant, Nouri Abou Sahamein, le président du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant, a maintenu, pour lundi également, une séance inaugurale mais à Tripoli cette fois, signe que les divergences persistent encore entre les différents groupes politiques libyens. De leur côté, les islamistes ont appelé à boycotter la réunion. Ces derniers ont été accusés par la mouvance nationaliste de semer le chaos dans le pays pour tenter d'empêcher la prise de fonction du Parlement, où ils n'ont plus une grande influence. Le nouveau Parlement libyen va entrer en fonction alors que le pays risque chaque jour un peu plus de s'enfoncer dans le chaos, les deux plus grandes villes Tripoli et Benghazi étant le théâtre de combats meurtriers. Des centaines de morts et de blessés dans les violences A Tripoli, les combats entre milices ont repris samedi autour de sites occupés par les ex-rebelles de Zenten (à 170 km au sud-ouest de Tripoli), et en particulier de l'aéroport fermé depuis le début des hostilités il y a près de 3 semaines. Les affrontements autour de l'aéroport, les plus intenses en près de trois ans à Tripoli, ont fait 102 morts et 452 blessés depuis le 13 juillet, selon un dernier bilan officiel arrêté mercredi soir. A Benghazi, ville de l'est, la principale base militaire est tombée aux mains de groupes armés. En deux semaines, les violences ont fait plus de 200 morts et près de 1.000 blessés dans le pays, selon le ministère de la Santé. Depuis la chute en octobre 2011 de l'ancien régime de Maamar El Gueddafi en Libye, les autorités du pays ne parviennent toujours pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi en Libye, en l'absence d'une armée et d'une police régulières bien entraînées. Face à un risque de voir le pays plonger dans le chaos, la communauté internationale a appelé à plusieurs reprises le nouveau Parlement à se réunir rapidement, dans l'espoir de remettre de l'ordre dans les institutions de l'Etat et former un nouveau gouvernement. Départ en masse de ressortissants étrangers L'insécurité qui règne en Libye a poussé de nombreux pays, notamment occidentaux à évacuer leurs ressortissants, ainsi que leurs personnels diplomatiques. Le dernier pays en date, la Roumanie qui a appelé samedi ses ressortissants à quitter sans délai ce pays vu l'"évolution inquiétante de la situation" sur place, mais a annoncé qu'elle maintenait ouverte son ambassade. Vendredi, l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Libye a annoncé qu'il avait décidé de quitter l'ambassade de Tripoli, alors que la Pologne a décidé vendredi d'évacuer provisoirement son ambassade et ses ressortissants. La Tunisie a pour sa part appelé ses ressortissants à quitter la Libye et "à regagner le pays dans les plus brefs délais". Fin juillet, l'Union européenne avait décidé d'évacuer temporairement sa représentation à Tripoli, selon le porte-parole de la diplomatie européenne, Michael Mann. Devant ces départs, le ministère libyen de la Santé avait mis en garde contre une pénurie de personnel médical, notamment après l'annonce par les Philippines de l'évacuation de leurs ressortissants, dont 3.000 médecins et infirmiers. Une moyenne quotidienne de 5.000 à 6.000 personnes ont fui ces derniers jours la Libye vers la Tunisie voisine, selon les autorités tunisiennes.