Des pays arabes et occidentaux veulent faire front commun contre l'"Etat islamique" (EI), en s'engageant à soutenir "par tous les moyens, y compris militaires" l'Etat irakien dans sa lutte contre ce groupe extrémiste, visé ces dernières semaines par des raids de l'aviation américaine. A l'issue d'une conférence internationale sur la sécurité en Irak organisée lundi à Paris, les participants (27 pays arabes et occidentaux, trois organisations internationales) ont souligné leur engagement à appuyer le gouvernement irakien dans son combat contre Daesh (acronyme arabe de l'EI) qui "constitue une menace pour l'Irak mais aussi pour l'ensemble de la communauté internationale". Cet appui consiste notamment en une "aide militaire appropriée, correspondant aux besoins exprimés par les autorités irakiennes", alors que l'armée irakienne est sous-équipée et manque d'effectifs suffisamment entraînés pour assurer la sécurité dans le pays. Cette démarche entre dans le cadre coalition internationale que les Etats-Unis veulent mettre en place pour combattre les éléments de l'EI. La Russie, qui ne partage pas notamment l'approche de Washington et de plusieurs pays occidentaux concernant la crise en Syrie, a exprimé lors de la réunion de Paris sa disposition à apporter sa contribution à l'engagement militaire international contre les extrémistes de l'EI. Moscou qui avait déjà annoncé en juillet avoir commencé la livraison d'hélicoptères de combat et d'avions de chasse à l'Irak dit vouloir "participer à l'élaboration de mesures plus générales pour la lutte contre le terrorisme". L'option militaire privilégiée Face à l'avancée de l'"Etat islamique" qui a conquis en un temps très cours de vastes régions du territoire irakien, l'action militaire semble la plus appropriée. Les Etats-Unis avaient déjà lancé en août des raids aériens pour stopper la progression des extrémistes, responsables de violences à l'encontre des civils et des minorités ethniques dans les zones sous leur contrôle. Ces raids avait permis à l'armée irakienne de reprendre du terrain et de reconquérir plusieurs régions, alors que dans le Nord les combattants kurdes (Peshmergas) ont pu consolider leur position face à l'EI. La veille, l'armée américaine a annoncé avoir repris ses opérations aériennes en Irak, en menant pour la première fois un raid aérien près de la capitale Baghdad. Une autre frappe a eu lieu également au nord du pays, près de Sinjar, et a détruit six véhicules de l'"Etat islamique", selon le Centcom, le commandement de l'armée américaine chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale Pour Washington, il s'agit en particulier de soutenir l'armée irakienne "dans son offensive contre les terroristes". Au total, 162 raids aériens ont été menés par les forces américaines depuis le 8 août. La réponse militaire est défendue par le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen qui a estimé que cela était nécessaire pour vaincre les "terroristes". "Il faut une réponse militaire pour vaincre et détruire cette organisation" et "tous les Alliés sont résolus et unis contre le terrorisme", a-t-il martelé. L'Iran, le grand absent L'Iran, absent à la conférence de Paris, juge illégitime une coalition internationale dont l'objectif réel reste, selon lui, de "renverser le régime syrien". L'Irak, pays voisin, a regretté que Téhéran n'ait pas été associé aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme. "Tous les pays sont concernés par le problème de Daesh (EI) et l'Iran est un pays voisin qui nous a apporté son appui à plusieurs reprises", a affirmé le ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a estimé que "la meilleure façon de lutter contre l'EI (Daesh) et le terrorisme dans la région est d'aider et de renforcer les gouvernements irakien et syrien qui luttent de manière sérieuse contre le terrorisme". Le diplomate iranien a souligné que son pays "n'attendra aucune coalition internationale pour lutter contre le terrorisme et fera son devoir". L'Iran avait apporté une aide humanitaire et de conseil au gouvernement irakien et aux kurdes irakiens dès les premiers jours de l'offensive des extrémistes en Irak. Selon l'agence américaine du renseignement (CIA), l'EI compte "entre 20.000 et 31.500" éléments en Syrie et en Irak.