Les aspects thérapeutiques de la prise en charge du diabète ont enregistré une nette amélioration tandis que ceux liés à la prévention et à l'éducation sanitaire accusent jusqu'à présent un déficit, ont relevé mardi à Vienne des spécialistes algériens. "Le patient algérien a bénéficié de différentes thérapies mais la prise en charge de l'aspect lié à la prévention et à l'éducation sanitaire accuse jusqu' à présent un déficit", ont indiqué à l'APS des praticiens de différentes spécialités et régions du pays, en marge de la 50ème session de l'Association européenne pour l'étude du diabète (EASD). Le président de la société algérienne de médecine interne, Pr Rachid Malek, a mis en avant les efforts consentis par l'Algérie pour l'amélioration de l'aspect thérapeutique de la prise en charge du diabète qui, a-t-il soutenu, a connu un saut qualitatif à partir des années 90. Les tout nouveaux traitements sont disponibles et remboursés par la caisse de sécurité sociale, a-t-il dit déplorant le peu d'intérêt accordé à la prévention et à l'éducation sanitaire. En l'absence de prévention et d'éducation sanitaire, le diabète trouve un terrain propice à son évolution, averti le spécialiste qui est chef de service médecine interne de l'hôpital de Sétif. Pour le Dr Noureddine Maalem spécialiste en diabéto-endocrinologie (privé) a mis l'accent pour sa part sur la nécessité d'accompagner le malade et de l'aider à surmonter ses craintes. La présidente de l'Association algérienne du diabète, Zakia Harbouche, a mis tiré la sonnette d'alarme devant l'ampleur du phénomène d'obésité et de surpoids en Algérie insistant sur la nécessaire sensibilisation sur cet aspect pour la prévention du diabète. La praticienne qui cite des enquêtes nationales indique que 1/3 de la population algérienne sont obèses et que 25% d'entre eux souffrent d'hypertension artérielle. Elle a préconisé la multiplication des actions de prévention et se sensibilisation aux méfaits, sur la santé, d'une alimentation riche en sucre, en sel et en matières grasses. Quant au Dr Samir Aouiche du service diabétologie au CHU Mustapha Pacha, il a insisté sur la nécessité de prendre en charge le pied du diabétique qualifiant l'amputation de la jambe d'un grand nombre de malades de "situation catastrophique", affirmant à ce propos que la prévention préservait 80% des malades du risque d'amputation. 50 à 80% des diabétiques qui sont amputés d'une jambe subissent au cours des cinq années suivant l'opération l'amputation de l'autre jambe. Pour sa part le Dr Djaouad Fasla, diabétologue endocrinologue exerçant dans le secteur privé à Oran, a insisté sur la nécessité de former des nutritionnistes afin de garantir un bon suivi des diabétiques affirmant qu'actuellement, le traitement se concentre sur les médicaments en "négligeant le suivi alimentaire". Selon des enquêtes réalisées par le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, 10% d'Algériens souffrent de diabète. Le ministère concerné a arrêté un programme de prévention sur les facteurs qui sont à l'origine des maladies chroniques dont le diabète et ce dans le cadre d'un partenariat avec l'Union européenne. Des caravanes de sensibilisation sur le diabète et ses complications dans le cadre d'un partenariat avec les laboratoires danois Novo Nordisk, partenaire du groupe Saidal pour la production de l'insuline, ont également été organisées, outre les campagnes menées par les associations activant dans le domaine. Cependant, les spécialistes estiment que ces actions restent "insuffisantes" par rapport au rythme de propagation du diabète.