Les politiques de fermeture des frontières face aux migrants irréguliers adoptées par les pays européens "sont vouées à l'échec", a estimé mercredi le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, François Crépeau. "Il est impossible de sceller les frontières internationales, car les migrants continueront d'arriver malgré tous les efforts pour les en empêcher", a souligné M. Crépeau dans une lettre ouverte à l'occasion d'une séance d'auditions de la commission du Parlement européen sur les droits et libertés. Le représentant de l'ONU estime que la fermeture des frontières en Europe présente de lourdes conséquences sur les vies humaines. Malgré des actions positives ayant trait notamment aux opérations de recherche et de secours qui ont permis de sauver des vies, les restrictions sur les entrées des migrants, restent d'après M. Crépeau, le point noire entachant les politiques européennes en la matière, mettant l'accent sur l'utilité de créer de nouveaux canaux de migration légale. La solution pour réduire les souffrances humaines en Europe serait, a-t-il dit, d'opter pour "une mobilité régulée", faute de quoi, a-t-il relevé, "le nombre des migrants qui risquent leur vie en montant à bord d'embarcations de fortune sur des itinéraires maritimes dangereux ne pourra qu'augmenter". De l'avis du rapporteur de l'ONU, c'est le contraire de l'effet recherché qui est entrain de se produire. A trop vouloir protéger leurs frontières, "les Etats européens perdent le contrôle car les mafias ont souvent un coup d'avance". En outre, "l'augmentation du nombre des personnes qui fuient les conflits, les violences et l'oppression exige une approche stratégique nouvelle et concertée de la part des Etats européens vis-à-vis des demandeurs d'asile", a-t-il noté. M. Crépeau a d'autre part appelé les Etats européens à davantage d'efforts concertés pour venir en aide aux pays qui sont en première ligne comme l'Italie, Malte et la Grèce. L'ONU fait état de 130.000 migrants et de demandeurs d'asile arrivés en Europe par la mer depuis le début de l'année 2014, contre 80.000 l'an dernier. Plus de 800 d'entre eux se sont noyés en mer Méditerranée cette année.