L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se réunit jeudi à Vienne pour décider de la conduite à tenir face à la chute des cours du pétrole, sans consensus préalable entre ses membres sur une éventuelle réduction de leur plafond de production. "Je pense que le marché va se stabiliser. Nous allons discuter des mesures à prendre et de notre contribution à ces mesures. (...) Tout sera discuté, en ayant en vue les intérêts à long terme de l'Organisation et de ses membres", a déclaré le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei. "Nous recherchons une stabilisation du marché à long terme, et non des mesures de court terme", a-t-il dit à des journalistes, avant le début de la réunion. De son côté, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Rafael Ramirez, a indiqué qu'il allait défendre une baisse de la production, estimant que l'excédent de production sur le marché pétrolier était de deux millions de barils par jour. Mais il s'est montré pessimiste sur l'adoption d'une telle mesure, se disant "préoccupé par cette réunion". Mais "le surapprovisionnement du marché ne vient pas seulement de L'OPEP, et même si L'OPEP réduisait un peu sa production, cela ne résorberait pas la surcapacité du marché", a indiqué son homologue koweïtien, Ali al-Omair. "Nous pensions qu'il faut faire quelque chose qui ait un effet à court terme sur le marché", a également plaidé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh. Le ministre de l'Energie M.Youcef Yousfi avait déclaré mardi à l'APS que l'Opep allait agir, jeudi à Vienne, "de manière à avoir une démarche consensuelle" pouvant dégager des solutions stables face à la chute des prix du pétrole. Durant cette réunion, les pays membre de L'OPEP "vont étudier l'évolution du marché, les déséquilibres qui ont provoqué cette chute des prix et se concerter sur la manière de rétablir l'équilibre du marché, a-t-il avancé. M. Yousfi a relevé que cette forte baisse des prix du pétrole concernait tous les pays producteurs de pétrole qu'ils soient membres ou non de L'OPEP, considérant également que cette chute des cours concerne toute l'industrie pétrolière et gazière. Dans une déclaration à la presse faite lundi, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a refusé d'indiquer s'il soutiendrait ou non une baisse du plafond de production de l'Opep, tandis que son homologue irakien appelait au contraire à l'action, jugeant que les prix du pétrole brut, qui ont chuté de plus de 30% en cinq mois, "ne sont pas acceptables". Mais le ministre du Pétrole irakien a souligné l'importance de parvenir à une décision consensuelle: "Le plus important, c'est l'unité de l'Opep, c'est que nous parvenions ensemble à un accord pour contrôler les prix du pétrole", a-t-il déclaré. Les dissensions au sein de L'OPEP accélèrent la chute des cours Alors que les prix du pétrole brut ont chuté de plus de 30% depuis juin, en raison d'une offre surabondante et d'une demande affaiblie, les membres de L'OPEP devaient trancher entre une baisse de leur plafond de production collectif, fixé à 30 millions de barils par jour depuis trois ans (près du tiers de l'offre pétrolière mondiale), ou un maintien éventuellement assorti d'un engagement à mieux respecter ce niveau. Mais les déclarations des différentes délégations n'ont montré aucun consensus en faveur d'une réduction de ce plafond. Pendant ce temps, les cours du pétrole brut poursuivaient jeudi leur plongeon, signe que les investisseurs ne tablaient plus sur une réduction du plafond. Le prix du Brent chutait jeudi à 75,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,92 dollar par rapport à la clôture de mercredi. La référence européenne du brut a chuté jusqu'à 75,48 dollars le baril, son plus bas niveau en séance depuis le 3 septembre 2010. Tandis que le "light sweet crude" (WTI), référence sur le marché américain ,baissait de 1,55 dollar, à 72,14 dollars. Le WTI a dégringolé à un plus bas depuis début septembre 2010, à 71,89 dollars. Une baisse du plafond aiderait à réduire le surplus d'approvisionnement sur le marché pétrolier, actuellement en surcapacité du fait du bond de la production pétrolière américaine (avec l'extraction du pétrole de schiste, notamment), couplé au ralentissement économique en cours en Europe et en Chine, qui freine la consommation d'or noir. Le plafond de production est le principal outil de L'OPEP pour réguler l'offre pétrolière mondiale. Mais l'abaisser, selon des experts, aurait l'inconvénient pour l'organisation de faire perdre des parts de marché à ses membres au profit d'autres Etats producteurs, à moins que ces derniers ne consentent à appliquer des mesures similaires, ce qu'a esquissé très timidement la Russie mardi.