La décision de l'Opep de maintenir sa production à 30 millions de barils/jour, malgré une offre surabondante, a aussitôt entraîné une tempête sur les marchés. Le baril de Brent de la mer du Nord échangé à Londres a chuté vendredi jusqu'à 71,25 dollars, son plus bas depuis le 7 juillet 2010, perdant 6,5 dollars depuis la clôture de la veille. Pour sa part, le baril de light sweet crude (WTI), coté à New York, est passé sous la barre symbolique des 70 dollars dans les échanges électroniques, atteignant même 67,75 dollars, un minimum depuis le 25 mai 2010. Tant attendue, la réunion de l'Opep, jeudi à Vienne, pour décider de la conduite à tenir face à la chute des cours du pétrole, s'est déroulée sans consensus préalable entre ses membres sur une éventuelle réduction de leur plafond de production. La décision de l'Opep de maintenir jeudi son objectif de production «a été motivée par la crainte du cartel de perdre sa part de marché», selon les déclarations du ministre koweïtien du Pétrole, Ali Omair. «L'Opep n'acceptera plus de supporter le fardeau supplémentaire d'une réduction de la production tandis que d'autres se précipitent pour augmenter leur production», a précisé le ministre Koweitien. Ce dernier a ajouté : «Nous avons décidé que les prix allaient se réajuster en fonction de l'offre et de la demande et que l'Opep était censée préserver sa part de marché pour ne pas perdre ses clients.» Pour rappel, le ministre de l'Energie, M. Youcef Yousfi, avait déclaré mardi à l'APS que l'Opep allait agir, jeudi à Vienne, «de manière à avoir une démarche consensuelle pouvant dégager des solutions stables face à la chute des prix du pétrole». Au cours de cette réunion, les pays membre de l'Opep «vont étudier l'évolution du marché, les déséquilibres qui ont provoqué cette chute des prix et se concerter sur la manière de rétablir l'équilibre du marché», avait-t-il avancé. Selon Yousfi, cette forte baisse des prix du pétrole concernait tous les pays producteurs de pétrole, qu'ils soient membres ou non de l'Opep, considérant également que cette chute des cours concerne toute l'industrie pétrolière et gazière. Alors que les prix du pétrole brut ont chuté de plus de 30% depuis juin, en raison d'une offre surabondante et d'une demande affaiblie, les membres de l'Opep devaient trancher entre une baisse de leur plafond de production collectif, fixé à 30 millions de barils par jour depuis trois ans (près du tiers de l'offre pétrolière mondiale), ou un maintien éventuellement assorti d'un engagement à mieux respecter ce niveau. Il faut retenir que le plafond de production est le principal outil de l'Opep pour réguler l'offre pétrolière mondiale. L'abaisser, selon des experts, aurait l'inconvénient pour l'organisation de faire perdre des parts de marché à ses membres au profit d'autres Etats producteurs, à moins que ces derniers ne consentent à appliquer des mesures similaires, ce qu'a esquissé très timidement la Russie mardi. Pour information, le pétrole a chuté jeudi à de nouveaux plus bas depuis 2010 après la décision de l'Opep. Le Brent a perdu plus de trois dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, chutant jusqu'à 74,36 dollars le baril, alors que le WTI a atteint 70,81 dollars le baril dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). B. A./agences