Confrontés à la dégringolade des prix de pétrole, l'Algérie et le Venezuela se sont concertés, à la faveur de la visite à Alger du président vénézuélien, Nicolas Maduro, en quête de trouver un consensus au sein des pays-Opep et non-Opep pour un redressement des cours du brut. Lors de sa visite de deux jours effectuée lundi et mardi en Algérie après une tournée en Arabie saoudite et en Iran, le président Maduro a souligné l'importance de l'action commune pour, non seulement, préserver la qualité des relations algéro-vénézuéliennes mais aussi pour faire face à la forte chute des prix pétroliers à fort impact sur leurs économies. Outre des relations politiques favorables, les rapports entre les deux pays ont également été renforcés sur le plan économique et confortés même par la solidarité de l'Algérie lorsqu'elle s'était rangée du côté du Venezuela pour l'aider à relancer son industrie pétrolière au lendemain du départ des grandes compagnies pétrolières qui avaient fait main basse sur le secteur des hydrocarbures jusqu'aux années 1990. Aujourd'hui, une nouvelle concertation entre les deux pays s'impose sur l'actuelle crise pétrolière et sur les voies et moyens d'y riposter dans le cadre d'un effort élargi aux producteurs non-Opep. "Je tiens à réitérer tous mes remerciements au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour tous les efforts fournis, pour tout l'appui apporté, l'aide donnée et les encouragements qu'il a exprimés pour aller tous ensemble dans ce sens", a indiqué M. Moros à la presse à l'issue d'un entretien avec le Chef de l'Etat. "Le président Bouteflika m'a apporté tout son appui et m'a confirmé, encore une fois, la position de l'Algérie", a-t-il dit, soulignant avoir évoqué avec lui "l'apport aussi bien des pays de l'OPEP que des pays non-OPEP afin d'arriver tous à un consensus" sur ce sujet. "Nous sommes en train de faire tout le nécessaire afin de pouvoir récupérer ce qui a été perdu, de pouvoir faire en sorte que le prix du baril puisse s'élever à nouveau", a affirmé le président vénézuélien, assurant que "les efforts conséquents seront faits". "Nous n'allons pas laisser faire ceux qui veulent perturber le travail qui a été fait depuis de nombreuses années et faire en sorte de nous enlever nos richesses et ressources naturelles comme le pétrole", a-t-il averti. A la veille de la réunion de l'Opep, tenue en novembre dernier à Vienne, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, avait souhaité que cette organisation puisse avoir une "démarche consensuelle" pouvant dégager des solutions stables face à la chute des prix du pétrole. Mais en l'absence d'un consensus, l'Opep a décidé de maintenir son plafond de production de pétrole à 30 millions de barils par jour. Le Venezuela, qui endure particulièrement les conséquences de l'effondrement des cours, mène campagne en faveur d'une réduction de l'offre de l'organisation. Une position partagée par l'Algérie qui a aussi appelé l'organisation à intervenir pour redresser la situation. "L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres sur le marché par une baisse de sa production", avait soutenu M. Yousfi lors d'un point de presse il y a quelques semaines. Il a, d'ailleurs, affirmé que l'Algérie ne partageait pas la position des gros producteurs au sein de l'organisation, qui rejettent toute intervention pour réguler le marché. "Pour nous, l'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et défendre les revenus de ses pays membres", a-t-il plaidé. Pas de réunion d'urgence de l'Opep Mais plusieurs pays du Golfe ont rejeté cette option, estimant que le marché finirait par se stabiliser tôt ou tard et écartant la tenue d'une réunion d'urgence de l'Opep. Alors que le plafond de production est le principal outil de l'Opep pour réguler l'offre pétrolière mondiale, l'Arabie saoudite a décidé pour la première fois, en près de 20 ans, de poursuivre la stratégie des parts de marché. Son ministre du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a même affirmé que l'Opep n'allait pas réduire sa production même si les prix tombent à 20 dollars le baril, réitérant son intransigeance à défendre la part de marché de son pays pour freiner, selon lui, l'essor du pétrole de schiste américain. Une baisse du plafond aiderait, pourtant, à réduire le surplus d'approvisionnement sur le marché pétrolier, actuellement en surcapacité du fait du bond de la production pétrolière américaine avec l'extraction du pétrole de schiste, et du ralentissement économique en Europe et en Chine. Par Zahia Bouaziz