Les incidents survenus peu après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu signé à Minsk entre Kiev et les séparatistes de l'Est de l'Ukraine ont renforcé les doutes quant au respect de la trêve notamment à Debaltseve, une ville stratégique qui ne serait pas concernée par le cessez-le-feu. Le cessez-le-feu dans l'Est ukrainien entre l'armée ukrainienne et les séparatistes semblait tenir dimanche matin. Toutefois, les affrontements constatés à Donetsk, bien qu'isolés, nourrissent le doute quant au respect du cessez-le-feu entré en vigueur comme c'était le cas dans les précédentes tentatives d'arrêt de combats. Les forces ukrainiennes ont fait état dans la matinée d'une attaque au mortier contre leurs positions dans la région de Lougansk, près de la frontière avec la Russie. Deux civils ont été tués après que "des lance-missiles multiples Grad ont atteint le centre du village de Popasna", selon les mêmes sources. "Le processus de paix était menacé à cause des agissements des rebelles autour de la ville stratégique ukrainienne de Debaltseve où les troupes ukrainiennes sont quasiment encerclées", de l'aveu même du président ukrainien Petro Porochenko. "Les rebelles vont utiliser Debaltseve, ville située sur la liaison ferroviaire entre Donestsk et Lougansk, pour saper le du cessez-le-feu", a déclaré le président. Le président américain Barack Obama a appelé le président Porochenko pour lui exprimer sa "sympathie" et sa profonde "préoccupation" concernant la situation "dans et autour de la ville de Debaltseve". Le président ukrainien a également évoqué le sujet avec François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, parrains de l'accord de paix conclu jeudi à Minsk. La situation à Debaltseve a en effet suscité des doutes quant à une application effective du cessez-le-feu. Moscou et les séparatistes prorusses ont laissé entendre que la ville ne serait pas concernée par le cessez-le-feu. "Il n'y a pas un mot sur Debaltseve dans les accords de Minsk", a lancé samedi le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko cité par le site officiel séparatiste. Kiev a immédiatement réagi en dénonçant "les tentatives de la Russie et des terroristes qu'elle contrôle de saper le cessez-le-feu". Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui réaffirmé, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain François Hollande et Angela Merkel, son attachement au respect du cessez-le-feu. Poutine a lui-même dit que "les rebelles étaient prêts au cessez-le-feu". Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pour sa part expliqué que les tentatives des soldats ukrainiens encerclés à Debaltseve de sortir "de la chaudière" seraient considérées comme une violation du cessez-le-feu. Alexandre Zakhartchenko, a signé samedi en fin d'après-midi un décret stipulant l'introduction du cessez-le-feu qui donne cependant le droit aux rebelles de riposter à des "tirs contre les infrastructures militaires et civiles de la République populaire de Donetsk". De son côté, la Russie a accusé Kiev et les Occidentaux de "déformer le contenu des accords de Minsk". Un nouveau point sur le cessez-le-feu Le président russe Vladimir Poutine, ses homologues ukrainiens Petro Porochenko, et français François Holande ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel devront faire dimanche un "premier point" sur l'application du cessez-le-feu, selon la présidence française. Ainsi, dans le même contexte, la Slovaquie tiendra en mars prochain une conférence de paix autour de la situation en Ukraine. Le gouvernement slovaque a reçu une proposition du Parti social-démocrate d'Allemagne lui suggérant d'organiser une conférence de paix sur l'Ukraine en Slovaquie, rapportent des médias slovaques. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, qui s'est félicité de la proposition a indiqué que "des jeux politiques étranges" se jouent actuellement en Ukraine, et que l'accord de cessez-le-feu, qui est entré en vigueur dimanche matin, "ne pourrait pas faire grand-chose pour empêcher une escalade de la crise". Menace de nouvelles sanctions occidentales La prise de Marioupol serait une étape clé pour établir un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en mars par la Russie. Les dirigeants des sept plus grandes puissances économiques mondiales (G7, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume Uni, Etats-Unis) ont appelé au "strict respect" des accords et se sont dits "prêts à adopter" des sanctions contre ceux qui violeraient cet accord. La porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki, a accusé Moscou de continuer à déployer "des chars et des systèmes de missiles" dans l'est de l'Ukraine. Le cessez-le-feu, entré en vigueur dans la nuit de samedi à dimanche, est la première étape d'un plan de paix destiné à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 5.500 morts en 10 mois. L'accord de paix conclu jeudi à Minsk à l'issue d'une nuit de négociations entre les dirigeants d'Ukraine, Russie, Allemagne et France prévoit que Kiev et les rebelles séparatistes doivent commencer à retirer leurs armes lourdes de la ligne de front deux jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.