S'il a suscité un espoir de règlement de la crise ukrainienne, l'accord de paix conclu jeudi à Minsk, en Biélorussie, entre François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko d'un côté et Vladimir Poutine de l'autre demeure fragile au vu des appréhensions des signataires et des Etats-Unis. Une paix durable en Ukraine reste encore très incertaine selon les Européens et les Américains, même si l'accord pour un cessez-le-feu, signé jeudi à Minsk après une nuit marathon de négociations entre dirigeants allemand, français, ukrainien et russe, est considéré comme un soulagement pour ce pays déchiré par un conflit meurtrier. Signé par les séparatistes prorusses et Kiev, l'accord prévoit un cessez-le-feu à partir de dimanche minuit, heure de Kiev, et le retrait des belligérants et de leurs armes lourdes permettant la création d'une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 km. Les précédents accords fixaient une zone de 30 km. Il prévoit en outre l'adoption d'une nouvelle Constitution d'ici à la fin 2015, prévoyant une "décentralisation" des régions de Donetsk et de Lougansk, en accord avec les représentants de ces zones. "Cet accord sur l'essentiel annoncé par Vladimir Poutine ne garantit pas un succès durable", estime quant à lui le président français François Hollande, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a fait état de "gros obstacles" subsistant sur la voie d'un rétablissement de la paix dans l'est de l'Ukraine. Les Etats-Unis ont salué l'accord trouvé, tout en réclamant qu'il soit suivi de mesures immédiates et concrètes. Arraché après 16 heures de pourparlers entre Poutine, Porochenko, Merkel et Hollande, l'accord évite à court terme à la Russie un durcissement des sanctions occidentales et compromet la perspective de livraisons d'armes américaines à Kiev, mais ne règle pas définitivement le conflit, soulignent des analystes. "L'accord est certainement un pas dans la bonne direction, même si je sais que ça ne règlera pas tout", a réagi le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. "Il faut qu'on soit très clairs envers Vladimir Poutine, qui doit savoir que les sanctions ne seront pas levées à moins que son attitude change", a insisté de son côté le Premier ministre britannique David Cameron. Ceci étant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé hier que la Russie voulait établir un cessez-le-feu immédiat en Ukraine et non pas le 15 février, date qui a été retenue, selon lui, sous pression des séparatistes lors du sommet de Minsk. En attendant, les violences ne connaissaient pas de répit dans l'est séparatiste pro-russe de l'Ukraine, avec au moins 15 militaires et civils tués ces dernières 24 heures, ce qui alimente la méfiance des Occidentaux envers les nouveaux accords de paix signés la veille à Minsk. "Sur le terrain, l'Ukraine a perdu 8 militaires dans des bombardements et des combats, et 34 ont été blessés", a indiqué, hier matin, un porte-parole militaire ukrainien, Vladislav Seleznev, au cours d'un point de presse. Les bombardements ont aussi repris à Lougansk, l'une des capitales régionales et bastion des séparatistes, tuant 3 civils et en blessant 5, selon la mairie de la ville. M.T./Agences