"Des centaines d'enfants" ont été enlevés par le gouvernement Sud-soudanais et les groupes rebelles en un seul mois, pour les faire des soldats dans la guerre civile qui déchire le pays depuis plus d'un an, a déclaré vendredi le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). "Nous avons reçu des informations crédibles et que nous avons pu vérifier dans certains cas indiquant que le gouvernement et l'opposition ont enlevé (...) rien qu'au cours du mois dernier des centaines d'enfants pour les enrôler dans leurs rangs", a déclaré Jonathan Veitch, représentant de l'Unicef au Soudan du Sud, lors d'un point presse à Genève. "Nos équipes sur le terrain et nos partenaires font état d'une forte recrudescence de recrutement (d'enfants soldats, ndlr) en ce moment", a-t-il déploré. Le Soudan du Sud est ravagé depuis décembre 2013 par un conflit civil, qui, à l'origine, opposait une faction de l'armée fidèle au président Salva Kiir à une autre, loyale à son rival et ancien vice-président Riek Machar. Une vingtaines de groupes armés ou milices ont ensuite rejoint le conflit. Depuis le début, les deux camps sont accusés d'enrôler de force des enfants. L'Unicef estime qu'environ 12.000 enfants, essentiellement des garçons, ont été enrôlés comme soldats aussi bien par l'armée sud-soudanaise que par les forces rebelles, et les milices alliées depuis le début de la guerre. L'agence de l'ONU a récemment négocié la libération de 3.000 enfants des rangs d'une milice de la région de Pibor (Etat du Jonglei, Est) commandée par le chef rebelle David Yau Yau. Ce dernier, qui combat le gouvernement de Juba depuis 2010, a rallié les forces soutenant l'ancien vice-président Machar. Le problème des enfants-soldats n'est pas nouveau dans la région. De nombreux enfants ont combattu dans les rangs de la rébellion sudiste de la SPLA (devenue l'armée nationale sud-soudanaise), durant le long conflit (1983-2005) qui l'a opposée aux forces de Khartoum et a débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011. Sous pression internationale, le Soudan du Sud, avec à l'époque à sa tête MM. Kiir et Machar, a fait des efforts pour démobiliser ces enfants et interdire l'enrôlement de mineurs au sein de la SPLA. Mais cette pratique a repris dès qu'a éclaté le conflit en cours en décembre 2013.