L'Europe doit tenir compte, dans sa politique de voisinage, des atouts de l'Algérie, a insisté le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lundi à Barcelone, lors de son intervention à la Conférence ministérielle informelle sur la Politique européenne de voisinage (PEV). M. Lamamra a exposé devant les chefs de diplomatie de l'UE et 8 de ses partenaires de la rive sud, les atouts de l'Algérie dont l'Europe doit tenir compte dans l'évaluation de ses relations avec ses différents partenaires méditerranéens. Il s'agit notamment de l'atout sécurité régionale assurée activement par l'Algérie dans sa lutte anti-terroriste, contre le crime organisé et la pacification de la façade Sahélo-saharienne à travers la médiation, a expliqué le chef de la diplomatie dans une déclaration à l'APS, en marge des travaux de la Conférence qui se tiennent à huis clos. Les atouts économiques ont été résumés notamment par l'approvisionnement de l'Europe en gaz depuis plusieurs décennies avec "une fiabilité parfaite et sur une base strictement commerciale". "Dans ses relations avec l'UE, l'Algérie présente trois principaux avantages comparatifs à savoir, sa contribution effective sur fonds propres au processus complexe et coûteux de pacification et de sécurisation de la bande Sahélo-saharienne dont tirent profit les voisins européens en termes de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la migration illégale, sans oublier les impacts économiques", a affirmé le chef de la diplomatie algérienne. Il a évoqué encore "l'approvisionnement sûr et régulier des partenaires européens en énergie et débouchés en tant que premier partenaire commercial". M. Lamamra a rappelé que l'Algérie n'avait décidé de participer à la PEV, initiée en 2004, qu'après avoir pris part au processus de sa révision engagée en 2009 au cours duquel elle a contribué avec des propositions. Il a relevé "avec satisfaction" que certaines des propositions algériennes avait été reprises dans le "livre vert" de la commission européenne du 4 mars 2015 telles que les principes de souplesse, de flexibilité et d'appropriation, en tant que fondement de la nouvelle PEV. Le chef de la diplomatie a aussi rappelé que l'Algérie "forte de son potentiel intrinsèque et de sa volonté à utiliser dans l'intérêt de la construction d'un voisinage de paix et de prospérité partagée, considère que le principe de différenciation doit se mesurer à l'ambition des partenaires, mais également sur les atouts aux plans vertical et horizontal avec chacun d'entre eux et entre les deux parties". "L'Algérie, dans son dialogue qu'elle veut voir se renforcer davantage et sa coopération qu'elle espère substantielle avec son partenaire européen, escompte que la future PEV ne soit pas une fin en soi, mais un instrument qui apporte une valeur ajoutée à l'accord d'association en vue de relever les défis communs de sécurité et de développement dans la région", a-t-il estimé. Il s'agit également, selon lui, de "contribuer à la réalisation des priorités nationales relatives à la diversification économique synonyme de promotion des exportations hors hydrocarbures, à la sécurité alimentaire, au renforcement des capacités humaines, institutionnelles et de gouvernance politique, économique et sociale". M. Lamamra a par ailleurs, estimé impératif que la PEV qui est "une initiative régionale d'application bilatérale" accorde un "intérêt particulier" à la dimension humaine sous l'angle de la promotion du dialogue culturel et civilisationnel. L'importance de cet aspect s'avère "nécessaire", notamment en cette conjoncture marquée par la montée des extrémismes, de la xénophobie, de l'islamophobie et du rejet de l'autre", a fait remarquer M. Lamamra. A cet égard, l'Algérie estime que la promotion de la circulation des personnes, des idées et la protection des ressortissants des pays tiers légalement établis dans l'UE, doivent être pris en compte dans la nouvelle PEV. "L'Algérie est d'avis également que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et le règlement juste et durable de tous les conflits sont un gage de stabilité et de sécurité dans la région", a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie a conclu que la Palestine, le Sahara Occidental et Chypre notamment, "doivent faire l'objet d'un engagement accrue des pays européens pour favoriser des solutions justes et conformes aux principes consacrés dans la charte des Nations Unis".