La communauté internationale est "alarmée" par de possibles violences vers lesquelles semble s'acheminer le Burundi à l'approche des élections législatives et présidentielle de mai et juin, a déclaré mercredi le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme. Zeid Ra'ad Al Hussein, en visite à Bujumbura, a également sommé les autorités burundaises de "sévir" contre la "milice des Imbonerakure", la Ligue des jeunes du parti au pouvoir, qu'il a qualifiée de "groupe dangereux" et accusée d'"opérer de plus en plus agressivement et en toute impunité". "De nombreuses personnes bien informées, au sein et à l'extérieur des Nations Unies (...) sont alarmées de la direction que semble prendre le pays", où "les tensions ont fortement augmenté ces derniers mois, à l'approche des élections", a expliqué le Haut-commissaire lors d'une conférence de presse. Ces tensions sont "alimentées par une hausse du harcèlement pour des motifs politiques, des intimidations et des actes de violence ainsi que par une hausse des discours haineux", a-t-il ajouté. Il a précisé que le nom des Imbonerakure "revenait sans cesse lors des discussions sur les violences et les intimidations". "Le gouvernement et les forces de sécurité doivent sévir contre la milice des Imbonerakure, enquêter et traduire en justice ceux parmi ses membres qui ont commis des crimes. Ils doivent envoyer un message clair à ce groupe dangereux et lui signifier qu'ils ne toléreront plus ses activités extrêmes et que l'impunité sélective - un problème de grande échelle au Burundi - va cesser de régner", a-t-il lancé. Les tensions sont croissantes à l'approche des élections au Burundi, pays à l'histoire politique jalonnée de massacres entre majorité hutu et minorité tutsi et qui peine à panser les plaies d'une longue et sanglante guerre civile (1993-2006). L'opposition et la société civile cherchent à empêcher à tout prix le président sortant Pierre Nkurunziza, à la tête du Burundi depuis 2005, de se représenter et M. Al Hussein a appelé mardi l'opposition à ne pas alimenter "le climat de peur" actuel. "J'exhorte le président et le parti au pouvoir, ainsi que les dirigeants de l'opposition, la police et l'armée à faire passer le futur bien-être du pays dans son ensemble devant leurs propres désirs politiques", a déclaré le Haut-commissaire aux droits de l'Homme.