Le choix de la réconciliation nationale par l'Algérie indépendante, pour mettre un terme à la crise vécue dans les années 1990, a été inspiré des "conseils de tolérance et de réconciliation prodigués en son temps par Ben Badis", ont estimé samedi à Constantine les participants au colloque sur la pensée du Cheikh réformiste. Les participants à cette rencontre internationale, ouverte vendredi à Oran et clôturée samedi à Constantine, ont mis en exergue "l'esprit de tolérance et de pardon véhiculé par l'imam Abdelhamid Ben Badis, et son impact déterminant dans la préservation de l'unité nationale". Dans les moments difficiles traversés par l'Algérie, les dirigeants et à leur tête le Président de la République Abdelaziz Bouteflika, ont fait "appel à la raison et à la perspicacité de cette personnalité emblématique de l'Algérie et du monde arabe", ont-ils estimé. Le Président Bouteflika a minutieusement étudié la vie et les oeuvres de l'imam Ben Badis et a réussi à "ancrer" son conseil pour la réconciliation et la tolérance, a souligné Abdelhak Benbadis, frère de l'imam. Cheikh Abdelhamid Ben Badis "a toujours été pacifique et n'a eu de cesse de lutter contre la violence et toutes les formes d'hostilité", a ajouté Abdelhak âgé aujourd'hui de 96 ans mais qui garde beaucoup de souvenirs de son frère décédé le 16 avril 1940. L'action réformiste d'Abdelhamid Ben Badis qui n'était "pas du goût de quelques personnalités algériennes luttant pour la même cause, à savoir l'indépendance de l'Algérie, a fini par être adoptée et acceptée grâce à son caractère pacifique et tolérant", a ajouté Abdelhak Ben Badis, affirmant qu'un document qu'il détient prouve que le premier Président du Gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA) avait rendu visite à son défunt frère. La pensée de l'imam Ben Badis était "futuriste et l'imam n'a jamais été dépassé par les temps modernes", a considéré de son côté le président de la Fondation Abdelhamid Ben Badis, Abdelaziz Filali qui a appelé à l'exploitation des oeuvres du Cheikh dans la résolution des difficultés auxquelles sont confrontées les nouvelles générations. L'intervenant au cours du colloque s'est longuement étalé sur le génie diplomatique de Cheikh Ben Badis qui avait lutté contre le colonialisme avec "beaucoup de diplomatie et avec un civisme extrême", en évitant "l'agressivité verbale et toute autre forme de violence". "Si l'imam Ben Badis évoquait, par exemple, ‘la démocratie et l'égalité en France', ou ‘la grande nation française', ce n'était que pour tromper l'ennemi", a aussi tenu à préciser M. Filali qui a mis en avant "la ruse et l'intelligence" de l'imam réformiste, natif de Constantine. Cette rencontre internationale, organisée dans le cadre de la manifestation "Constantine capitale de la culture arabe", a été marquée par la participation de plusieurs chercheurs et universitaires venus de plusieurs pays arabes et du Maghreb qui ont souligné "l'apport inestimable de la pensée de Cheikh Ben Badis dans le renouveau arabo-musulman". Intitulée "Cheikh Abdelhamid Ben Badis dans la culture arabo-musulmane", cette rencontre internationale a donné lieu à plusieurs recommandations liées, toutes, à "l'importance d'étudier et de valoriser les oeuvres de l'imam". La réalisation d'un film sur la vie d'Abdelhamid Ben Badis et la traduction de ses oeuvres dans toutes les langues figurent parmi les recommandations du colloque international ouvert vendredi à Oran par le ministre des Affaires religieuses et des wakfs, Mohamed Aïssa. Le déroulement des travaux du colloque international a été retransmis par satellite entre la mosquée Emir-Abdelkader de Constantine et la nouvelle mosquée Abdelhamid-Benbadis d'Oran, a-t-on noté.