Depuis la reconnaissance en 2002 de Tamazight en tant que langue nationale, la promotion et le développement de ce pan essentiel de l'identité algérienne ont enregistré des pas considérables, appelés à se poursuivre dans le sens d'un ancrage plus solide dans les institutions et la société. Lors d'un discours prononcé le 12 mars 2002, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait annoncé officiellement la reconnaissance de Tamazight en tant que langue nationale aux côtés de la langue arabe. La mise en oeuvre de cette annonce, à travers un amendement constitutionnel, jetait les jalons d'une meilleure "considération" par l'Etat de cet héritage culturel et identitaire de la société algérienne. Cela constituait une réponse officielle aux revendications fortement portées par des militants, mais également par des défenseurs des droits de l'homme. L'Algérie commémore le 35ème anniversaire du "Printemps berbère" en tant que tournant historique ayant cristallisé cette lutte, avec à son actif des réalisations consenties par l'Etat pour redonner à cette langue séculaire toute sa dimension sociétale. Créé par décret présidentiel en 1995 et placé sous la tutelle de la présidence de la République, le Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) endosse, entre autres prérogatives, la promotion de l'enseignement de cette langue à travers le territoire national, entamée en 1995. Depuis, l'apprentissage de Tamazight s'effectue de manière aléatoire et fluctueuse, n'étant pas à caractère obligatoire, mais à la demande. Dans certaines wilayas, l'enseignement n'existe pas, alors qu'il est faible dans d'autres. Pour une généralisation "progressive et réfléchie" de Tamazight A ce propos, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, avait assuré, la disponibilité de l'Etat à encourager cet enseignement et plaidé pour une "généralisation progressive et réfléchie" de Tamazight dans les écoles algériennes. Exclusivement d'expressions arabophone et francophone depuis l'indépendance du pays, la télévision publique algérienne s'est enrichie d'une nouvelle chaîne en Tamazight, dont le lancement expérimental s'était effectué le 18 mars 2009. La chaîne en question présente le Tamazight sous toutes ses déclinaisons (Kabyle, Chaouie, Chenouie, Tamashaq et Mozabite), permettant ainsi de faire passer ses messages pour un très large public. C'est cette dimension quasi nationale qui explique, sans doute, l'évolution permanente de son audience et qui renforce sa position dans le paysage médiatique audiovisuel. Souvent initiées par le HCA, les manifestations culturelles organisées à travers le territoire national de manière périodique, participent d'une certaine façon à la promotion de Tamazight en tant que vecteur oral du patrimoine mis en exergue. C'est le cas des fêtes et autres salons inscrits de manière permanente dans l'agenda national culturel, à l'instar de la fête du bijou d'At Yanni et du tapis à Ghardaïa. Des festivals à dimension internationale contribuent également à la promotion de la langue amazighe, en même temps que d'autres aspects de l'identité berbère. Il en est ainsi, à titre d'exemple, du "festival international des arts de l'Ahaggar, Tin Hinan", mettant en relief la richesse du patrimoine culturel et artisanal des Touaregs. Des journées d'étude thématiques et autres cycles de conférences sont, par ailleurs, organisés périodiquement par l'institution, dont l'objectif est d'assurer une meilleure vulgarisation de la langue auprès de l'ensemble des Algériens. Une des actions récentes allant dans le sens d'une meilleure assise de Tamazight, était la signature d'une convention liant le ministère de la Communication et le HCA et portant sur l'intégration de Tamazight dans le système de communication national. Dans le cadre de ces accords, il a été annoncé le lancement prochain par l'agence Algérie Presse Service (APS) d'un site d'informations en Tamazight. Pour marquer la portée de cette date, le HCA a lancé l'application en ligne "Azul" d'initiation à l'apprentissage de cette langue, mettant ainsi à profit l'usage répandu en Algérie des technologies de l'information et de communication.