15 personnes et sept entreprises étrangères impliquées dans l'affaire de corruption qui a éclaboussé la réalisation du projet de l'autoroute est-ouest, qui a éclaté en 2009, devront être fixées sur leur sort dimanche après la fin des plaidoiries de la défense, et le début des délibérations du jury du tribunal criminel d'Alger. Dans la matinée, les avocats de trois prévenus, dont Khelladi Mohamed contre lequel le ministère public avait requis une peine de 20 ans de prison et une amende de huit millions de dinars, vont poursuivre leurs plaidoiries. Le défenseur de l'entreprise chinoise Citic-Crcc, qui a été au coeur de cette affaire de corruption, doit également monter au prétoire pour demander la nullité des accusations portées contre ce groupement. L'audience sera ensuite suspendue, pour permettre au jury d'entamer ses délibérations, qui devront durer plusieurs heures du fait du nombre élevés d'accusés. Reporté à deux reprises, le procès de cette affaire, mené tambour battant durant huit jours, a permis autant au ministère public qu'à la défense des 22 accusés (personnes physiques et morales) de faire valoir leurs arguments. C'est sur un air de scandale financier très suivi médiatiquement que ce dossier a été traité, depuis le début, par la justice algérienne, qui n'a pas hésité à citer, dans l'arrêt de renvoi, plusieurs hauts responsables de l'Etat, dont l'actuel ministre des transports, M. Amar Ghoul. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public avait relevé l'extrême gravité de cette affaire de corruption à grande échelle qui touche l'économie nationale. "Cette affaire de corruption touchant le projet de l'autoroute est-ouest ainsi que d'autres projets de transport en Algérie a terni la réputation économique du pays ", a-t-il martelé. Verdict couperet Plus grave, ''l'Algérie a été traînée devant les instances de l'arbitrage international'' par des entreprises, qui sont dans le box des accusés pour corruption, a t-il encore affirmé, avant de demander des peines de prison ferme allant jusqu'à 20 ans contre les deux principaux accusés, Chani Medjdoub et Khelladi Mohamed, assorties d'une amende que chacun doit payer au trésor public de huit millions de dinars. Les sept entreprises étrangères ont été quant à elles condamnées, en tant que personnes morales, à payer au trésor public cinq millions de dinars chacune. La peine minimum demandé par le ministère public est de une année de prison, rappelle t-on. De son côté, la défense des 22 accusés (un accusé étant en fuite) a estimé, globalement, nulles les accusations du ministère public, et demandé au président du tribunal la clémence pour les accusés, dont certains, selon les défenseurs, sont ''accusés à tort''. Quoiqu'il en soit, le destin de ce procès est désormais entre les mains des jurés. Dimanche, ils devront sortir tard dans la soirée, sinon au petit matin de lundi avec un verdict que certains voudraient être clément, d'autre exemplaire dans cette affaire de corruption. Des peines de prison d'une année à 20 ans de réclusion ont été requises par le procureur général contre 15 personnes impliquées dans cette affaire et une amende de cinq millions de dinars contre chacune des sept entreprises étrangères (Citic Crcc- Chine, Cojaal- Japon, Pizarroti-suisse, Caraventa-Suisse, Isolux Corsan- Espagne, SMInc-Canada et COBA-Portugal). Le procureur n'a pas émis de réquisitions concernant le 16 ème inculpé en fuite, Kouidri Tayeb. Le procès s'est tenu en présence de l'ensemble des collectifs de défense des 15 personnes et sept entreprises étrangères impliquées dans cette affaire, ainsi que 15 témoins sur les 27 (un témoin étant décédé) mentionnés dans l'arrêt de renvoi. En 2006, le marché pour la réalisation de l'autoroute Est-ouest a été attribué au groupe chinois "CITIC-CRCC", avec un coût de 6 milliards de dollars. Le projet s'étend sur 1 700 km avec un coût de 8 millions d'euros par kilomètre dont 1300 km destinés à la construction de 400 échangeurs, des rocades, des viaducs, 400 ouvrages d'art, 17 trémies et 350 aires de repos. Mais de réévaluation en réévaluation, le projet a coûté 13 milliards de dollars, selon le ministre des travaux publics, Abdelkader Kadi. Mahdi Boukhalfa