L'ancien administrateur de Khalifa Bank, Mohamed Djellab et le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, seront entendus respectivement dimanche et lundi prochains, en qualité de témoins dans l'affaire Khalifa Bank, a annoncé lundi à Blida le juge Antar Menouar. Onze autres personnes seront entendues en tant que témoins dans cette affaire dimanche prochain, a précisé le président du tribunal criminel prés la cour de Blida où est jugée l'affaire de Khalifa Bank. il s'agit notamment Abdelaziz Khelifa, frère du principal accusé dans cette affaire, Abdelmoumene Khelifa et de Nadjia Iouaz, dont la fonction d'ancienne secrétaire personnelle de Abdemoumene Khelifa a été démentie par ce dernier lors de son audition. Le jour suivant, ce sera au tour du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci et de son ex-adjoint Ali Touati de passer à la barre en tant que témoins dans cette affaire, aux côtés de Mohamed Khemoudj, ex-directeur général de l'Inspection générale de la Banque d'Algérie. Ça sera ensuite au tour des membres de la commission monétaire de la Banque d'Algérie de passer à la barre en tant que témoins. Dernier à témoigner lors de l'audience de lundi, Hamid Foufa en sa qualité d'expert judiciaire en finances dans l'affaire. L'audience de jeudi prochain sera elle quant à consacrée à l'écoute des prévenus ayant purgé leurs peines et ce, en leur qualité de témoins tandis que l'ensemble des témoins seront auditionnés selon les fonctions et spécialisations précédemment occupées, a précisé le juge Antar Menouar. Ce dernier avait décidé au début du procès, le 4 mai dernier, de dispenser les témoins de la présence aux séances du procès et de leur adresser des convocations à la fin des séances d'audition des accusés qui prendront fin mercredi prochain. Procès Khalifa : des accusés continuent à nier les charges retenues contre eux Des accusés ont continué lundi devant le tribunal criminel de Blida de nier les charges retenues contre eux, liées notamment à des avantages et profits perçus à la suite de placements effectués à Khalifa Bank , au titre de leurs précédentes responsabilités dans des entreprises et autres organismes publics. Ainsi, des ex-responsables ou en poste d'entreprises et autres organismes publics ont nié avoir bénéficié d'avantages de la part du groupe Khalifa, en contrepartie des placements effectués auprès de la défunte banque. Comparaissant ainsi pour les chefs d'inculpation de "corruption, de trafic d'influence et de perception de privilèges", les accusés en liberté qui se sont succédé à la barre ont, toutefois, reconnu avoir perçu notamment des cartes de gratuité pour le transport à bord de l'ex-Khalifa Airways. L'ancien directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Salah Lâarifi a nié être intervenu au titre de cette fonction pour faire bénéficier son fils du stage de pilote, gracieusement dispensé par la compagnie dissoute à la suite d'un placement d'argent de la caisse auprès de l'ex-Khalifa Bank. Le juge Antar Menouar l'ayant interrogé sur ce point, n'a pas manqué d'observer que son fils n'avait même pas le baccalauréat, ce à quoi le prévenu a fait valoir les stages effectués par son fils à l'étranger et lui ayant permis de lancer sa carrière. L'accusé a, par ailleurs, nié avoir eu une "responsabilité directe" quant au placement en question, incombant celle-ci au conseil d'administration de la caisse, ajoutant que la tutelle en avait été informée ultérieurement, sans que celle-ci n'ait signifié "ni un avis d'accord, ni de rejet". "Nous n'étions pas obligés d'avoir la réponse de la tutelle dans la mesure où la caisse dispose d'une autonomie financière et représente une personnalité morale", a ajouté Laârifi, niant que la tutelle n'ait pas été destinataire de la correspondance envoyée notant que des "parties ont £uvré pour en effacer les traces". L'ex-directeur général de l'ex-entreprise de promotion du logement familial (EPLF) de Blida, Rabah Boussabine, a également nié les charges retenues contre lui, faisant savoir que sur les 165 millions DA placés auprès de Khalifa Bank, 118 millions DA n'ont pu être récupérés à la suite de sa dissolution. Quant aux avantages et autres privilèges perçus de la part du groupe Khalifa, le prévenu a indiqué qu'ils faisaient partie de la convention signée entre les deux parties, préconisant de faire bénéficier 20 cadres de la caisse de prêts sans intérêts auprès de Khalifa Bank. Interrogé par le juge sur le prêt qu'il avait contracté et évalué à 87 millions de centimes, le mis en cause a avoué avoir rectifié de son "propre chef et au stylo" les termes du contrat y afférent et ce, s'agissant du taux d'intérêt qu'il a été "le seul" à percevoir, avant d'en informer l'agence de Blida de ladite banque. L'ex-responsable de l'entreprise publique a avoué n'avoir entamé le remboursement de ses dettes qu'après avoir pris connaissance en 2005 de la décision du liquidateur de faire rembourser les bénéficiaires de prêts auprès de Khalifa Bank. Présidant le Conseil d'administration de la Mutuelle générale des travailleurs de la Poste et télécommunications (ex-PTT), Mohamed Tchoulak a fait savoir que celle-ci avait placé 10 milliards de centimes auprès de la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP) avant d'en transférer plus de 8 milliards de centimes vers Khalifa Bank. "Le nombre d'adhérents était de 17.000 alors que les cotisations ne dépassaient pas les 150 DA par mois et par adhérent, aussi avions-nous besoin de fructifier notre argent en saisissant l'opportunité de taux plus avantageux que ceux offerts par la banque publique", a-t-il argué face au juge Menouar pour justifier le recours la défunte banque privée. Le montant "n'a jamais été récupéré" auprès de la Khalifa Bank, a reconnu le prévenu auditionné pour les mêmes chefs d'inculpation que ceux qui l'ont précédé à la barre. Tout comme ces derniers, il a également nié devant le juge Menouar ainsi que le procureur général, Mohamed Zerg Erras, avoir bénéficié des mêmes avantages conséquemment au dit placement. Le représentant du ministère public s'est attardé sur les termes de la convention portant placement et stipulant un taux d'intérêt de 12 % pour une durée de 10 ans. "Aviez-vous le droit d'hypothéquer l'argent des cotisants pendant une aussi longue période sachant que la mutuelle n'a pas un caractère économique mais social", s'est interrogé le procureur général. Le prévenu Tchoulak, par ailleurs membre actuel du secrétariat national de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a tenté de se dédouaner en faisant endosser la responsabilité principale des torts qui lui sont reprochés à l'ex-directeur de ladite mutuelle, le défunt Ahmed Berbar. Ce dernier a été également tenu pour responsable par le prévenu suivant Zineddine Zâamoum, président de la commission de contrôle de la Mutuelle en question, il a assuré que c'est son ex-responsable hiérarchique qui lui avait remis la carte de gratuité délivrée par Khalifa Airways. Dernière audition des accusés pour "trafic d'influence, corruption et perception de privilèges" Le tribunal criminel de Blida a achevé lundi après-midi l'audition des accusés répondant pour les délits de "trafic d'influence, corruption et perception de privilèges", dans le cadre du procès de l'affaire Khalifa Bank qui est à son douzième jour. Ayant occupé en majorité des responsabilités à la tête d'entreprises publiques, les neuf (9) accusés qui sont passés à la barre ont tous nié avoir fait valoir leur fonction pour percevoir des privilèges octroyés par la défunte Khalifa Bank, notamment la carte de gratuité dispensée par Khalifa Airways, une des filiales de l'ex-groupe Khalifa. Parmi les accusés auditionnés l'après-midi, l'ex-directeur financier de l'Etablissement national de navigation aérienne, Mahfoud Bouamar, qui a reconnu, cependant, avoir bénéficié lui et des membres de sa famille de billets gratuits, sans que cela n'ait "un quelconque lien" avec le dépôt d'une somme d'argent par la compagnie auprès de Khalifa Bank. "La compagnie nationale Air Algérie n'offrait pendant mon exercice aucun avantage à ses employés dont la réduction des billets", a-t-il rétorqué au procureur général Mohamed Zerg Erras, qui s'enquérait sur le choix de la banque pour le dépôt en question, lequel n'a pu être récupéré par la compagnie de transport nationale après la dissolution de Khalifa Bank. Lui succédant, le prévenu Said Bacha, ex-directeur de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de Relizane a indiqué que ce sont les "avantages" de la banque privée qui l'ont incités à placer 111 millions de DA auprès de l'agence d'Oran, niant avoir reçu des "instructions" de la part de la tutelle pour ce faire. De même qu'il a réfuté avoir perçu personnellement ou au nom de l'Office la somme de 300 millions de centimes à la suite de ce placement, soutenant n'en avoir entendu que lors de son instruction. Auditionné pour "escroquerie et usage de faux en écriture officielle", le prévenu Mustapha Benhadi a nié ces charges, soulignant que son entreprise, l'ex-société algéro-espagnole d'agroalimentaire basée à Oran, a connu des ennuis financiers à la suite du placement qu'il avait effectué auprès de Khalifa Bank. D'une valeur de 150 millions de DA, le dépôt s'était effectué en 2002 en contrepartie de l'hypothèque d'une usine qu'il possédait, a-t-il précisé, ajoutant avoir remboursé 90 millions DA en 2003, avant que la banque ne connaisse des ennuis ultérieurement.