Le président et le chef de la rébellion du Soudan du Sud, ravagé par une guerre civile émaillée d'atrocités à grande échelle, se sont rencontrés ce week-end au Kenya sans parvenir à aucun résultat, a annoncé la présidence kényane. Le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, devenu chef rebelle, se sont vus samedi et dimanche à Nairobi dans une nouvelle tentative du président kényan Uhuru Kenyatta d'arriver à un accord de paix, après un précédent round de négociations infructueuses en Ethiopie et en Tanzanie. "Mes deux frères se sont entretenus face-à-face durant cinq heures", ce qui a permis d'"établir la confiance" entre eux et d'"identifier" des "problèmes importants", a déclaré M. Kenyatta dans un communiqué diffusé dimanche soir. Mais au final, les entretiens "n'ont permis d'arriver à aucun résultat tangible", selon un porte-parole rebelle, Mabior Garang, cité par des médias. Au moins sept cessez-le-feu ont été signés, et rapidement rompus, durant les cycles successifs de négociations, entachés d'une évidente mauvaise foi des deux camps aujourd'hui menacés de sanctions par l'ONU. Alors même que MM. Kiir et Machar discutaient à Nairobi, les combats faisaient rage dans une capitale régionale stratégique du Soudan du Sud. La ville de Malakal, capitale en ruine de l'Etat pétrolifère du Haut-Nil, est désormais sous le "contrôle total" de l'ex-général Johnson Olony, un chef de milice pro-gouvernementale passé récemment à la rébellion, selon un communiqué de cette dernière. L'armée a démenti ces informations. Johnson Olony est accusé par les Nations unies d'avoir enlevé des centaines d'enfants sud-soudanais pour en faire des combattants. Des travailleurs humanitaires à Malakal ont indiqué que de violents combats avaient commencé samedi, mais qu'un calme relatif semblait régner lundi matin dans la ville, où se trouvaient toujours les rebelles. Clé d'accès aux derniers champs pétroliers encore en activité dans le pays, Malakal a changé de mains à de multiples reprises depuis le début du conflit. Les combats avaient éclaté mi-décembre 2013 à Juba, la capitale, au sein de l'armée sud-soudanaise, lorsque le président Kiir avait accusé Riek Machar de fomenter un coup d'Etat. Le conflit marqué par de multiples exactions des deux camps a depuis dégénéré en massacres interethniques à travers le pays. Aucun bilan officiel n'a jamais été établi, mais selon des observateurs, des dizaines de milliers de personnes ont péri. Les Nations unies estiment que les deux tiers des 12 millions de Sud-Soudanais ont besoin d'aide humanitaire pour survivre. La semaine dernière, des experts américains ont déclaré que des civils mouraient actuellement de faim dans des Etats du Soudan du Sud en proie aux combats. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) avait signalé plus tôt ce mois-ci des atrocités visant spécifiquement des enfants, dont des castrations et des viols. Des témoignages évoquent également des enfants ligotés ensemble avant d'être égorgés, ou jetés vivants dans des bâtiments en flammes.