Armée gouvernementale et forces rebelles qui s'affrontent depuis mi-décembre au Soudan du Sud se sont mutuellement accusées mercredi d'avoir abattu la veille un hélicoptère de l'ONU, dont la cause de la chute n'est pourtant pas encore officiellement établie. L'équipage de l'hélicoptère était russe, selon la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) qui avait affrété l'appareil. Trois des quatre membres d'équipage de l'hélicoptère sont morts et un a été blessé lorsque le Mi-8, qui transportait du fret, s'est écrasé mardi après-midi à 10 km au sud de Bentiu, capitale de l'Etat d'Unité ravagé par les combats. Une équipe de l'ONU inspectait mercredi l'épave du Mi-8 mais la Minuss n'a fait aucun commentaire sur les causes de sa chute. Le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, le colonel Philip Aguer, a accusé les forces rebelles de l'ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar de l'avoir "abattu", sans toutefois fournir de preuve. "L'appareil a été abattu par les forces de Riek Machar commandées par Peter Gadet", a affirmé M. Aguer, ajoutant que l'armée avait envoyé ses propres enquêteurs sur place. Peter Gadet est un chef de guerre dont la milice combat au côté des forces pro-Machar et contrôle une partie de l'Etat d'Unité. Il fait l'objet de sanctions américaines et européennes pour des atrocités ethniques commises par ses hommes. Un porte-parole des rebelles, Mabior Garang, a dénoncé dans un communiqué des "accusations fallacieuses", affirmant que les forces rebelles dans la zone avaient "entendu une forte explosion et après des recherches découvert qu'un appareil s'était écrasé". "La zone dans laquelle il a été peut-être abattu est tenue par le gouvernement - si l'appareil a effectivement été abattu", a-t-il expliqué. Mabior Garang est le fils de John Garang, père fondateur du Soudan du Sud qui a péri dans un accident d'hélicoptère en 2005, peu après la signature des accords de paix ayant mis fin à des décennies de guerre de libération avec Khartoum et débouché en juillet 2011 sur l'indépendance du pays. D'intenses combats ont été signalés depuis la mi-août dans la région de Bentiu, un des principaux foyers d'affrontements du conflit qui fait rage depuis décembre 2013 entre l'armée loyale au président Salva Kiir.