L'orchestre féminin du malouf a charmé dimanche, sous la baguette de Djihane-Naïma Touam, le public de la maison de la culture Malek-Haddad de Constantine lors d'une soirée des plus exquises, organisée dans le cadre des veillées de ramadhan. Elégantes et gracieuses dans leurs belles gandouras en velours passementées de fils d'or et dans de séduisantes "Chamsas" constantinoises, les vingt-trois musiciennes-interprètes ont bercé le public sur les rythmes raffinés de la musique savante, créant des moments de pur bonheur. Le concert est entamé par une Nouba Zidan "Lach ya Mouadiba Qalbi" qui a donné le "la" à la soirée et subjugué un auditoire conquis autant par la beauté des paroles que par les voix suaves des chanteuses. Les mélodies s'enchainent, entrecoupées par des solos exécutés sur luth par Rania Guerzi, Warda Drardja, Rayane Zermane, Meroua Zerizer, et sur violon par Yousra Zehri et Abir Bounab. Une maîtrise instrumentale et une virtuosité qui arrachèrent des tonnerres d'applaudissement. L'orchestre féminin enchaine avec une Dakhla, "Ya man Radayta Bouadi" et "Douktou al Hawa" avant de lancer deux istikhbars "Housnou el Habib" et "Djamalouhou la Youssafou", longuement acclamés. Très à l'aise sur scène, une membre de l'orchestre, Yasmine Touati, interprète de sa voix cristalline "Bourakia", la qacida du cheikh Benmekki, avant que Selma Kermiche ne réplique avec "Ana mani fiyache" de Sidi Bahloul Cherki, dans une belle note finale qui a mérité les forts applaudissements et les youyous du public présent. En coulisses, la chef d'orchestre, Djihane-Naïma Touam, qualifiant "d'exceptionnelle" l'expérience d'un orchestre féminin consacré à la musique malouf, s'est dite "ravie" par l'accueil et les encouragements du public, signalant que les musiciennes-interprètes sont, dans leur majorité, issues d'associations de musique andalouse dont El Inchirah et El Bestandjia. La jeune artiste a indiqué à l'APS que l'idée de former un groupe musical exclusivement féminin avait "émergé d'une volonté d'apporter quelque chose de nouveau, d'original sur la scène musicale constantinoise". Créée en 2013 dans la foulée du 8ème festival national du malouf, l'orchestre a fait, depuis, son petit bout de chemin, faisant connaître et apprécier le malouf au féminin. Figurent également au programme de cet orchestre des soirées dans plusieurs wilayas du pays tout au long du mois de ramadhan, et l'animation de la soirée d'ouverture de la dixième édition du festival national du malouf, prévu juillet prochain sur le Vieux Rocher. Le palais de la culture Malek-Haddad abritera durant les veillées du mois sacré, à l'initiative de la direction de la culture et dans le cadre du programme d'animation de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", plusieurs autres soirées dédiées au malouf et à l'inchad.