Avec des sauvetages en mer se produisant à un taux de plus de 1000 migrants par jour cet été en Italie et en Grèce, le nombre d'arrivées a déjà dépassé le total des arrivées en 2014», note la dernière publication de l'OIM. Les derniers chiffres du gouvernement grec indiquent que 134 988 migrants ont atteint la Grèce en provenance de Turquie cette année, contre un total de 237 000 migrants ayant atteint à la fois l'Italie, l'Espagne et Malte. Le nombre de décès a malheureusement, lui aussi, dépassé les records. «Au cours des huit derniers jours, il y a eu deux autres naufrages en Méditerranée, faisant monter le nombre de décès recensés depuis le début de l'année à 2300 victimes.» Le 5 août dernier, un bateau de pêche transportant plus de 200 migrants a chaviré au large des côtes libyennes. Le nombre de disparus en mer reste inconnu. Une semaine plus tard, un autre naufrage survient dans la même zone et 60 victimes sont recensées. 54 candidats à la migration, originaires pour la plupart d'Afrique subsaharienne, ont pu être sauvés. «Ces dernières tragédies montrent le danger que rencontrent les migrants dans le canal de Sicile désormais la route la plus meurtrière pour les personnes fuyant la violence, les catastrophes naturelles et la pauvreté», estime l'OIM en notant que pas moins de 102 000 migrants ont traversé, cette année, ce dangereux canal en provenance de Libye afin d'atteindre un pays sûr et sécurisé qui est l'Italie. Le directeur général de l'OIM, Willial Lacey Swing, a qualifié la situation dans la région méditerranéenne de «profondément inquiétante». «Même si ces derniers temps, on assiste à des réalisations importantes, comme le renforcement de l'opération Triton de l'UE, davantage d'efforts doivent être consentis dans le but de fournir un soutien adéquat aux personnes désespérées qui mettent leurs vies entre les mains de passeurs sans scrupules», souligne le responsable de l'OIM. Erythrée en tête Citant des données fournies par le ministère italien de l'Intérieur, la publication de l'OIM indique que durant les sept premiers mois de 2015, le nombre total de personnes arrivées en Italie via la mer est de 93540, soit 8% de plus que durant la même période en 2014. L'Erythrée arrive en tête des nationalités d'origine avec 25 567 candidats à la migration, arrivés en Italie depuis la Libye. Le Nigeria est la deuxième nationalité citée avec 11 899 migrants arrivés, suivis de 7538 Somaliens, 5658 Soudanais, 5495 Syriens, 4837 Gambiens et 3692 Bangladeshis. Les réfugiés syriens préfèrent, selon l'analyse de l'OIM, la route grecque via la Turquie qui est plus sûre que la traversée vers l'Italie. Les raisons de la migration vers l'Europe varient selon les nationalités et les pays. «Certaines personnes fuient les guerres et les persécutions, d'autres la pauvreté, la famine et la dégradation des terres. On compte aussi de nombreux groupes vulnérables, y compris des mineurs non accompagnés et des victimes de la traite et des abus», précise l'analyse de l'OIM, qui constate aussi une hausse inquiétante du nombre de femmes en provenance du Nigeria dont 2360 en 2015 contre 545 en 2014. «Bon nombre de ces femmes victimes de trafic cherchent une protection. Certaines affirment avoir été envoyées en Europe pour travailler dans la prostitution.» Le directeur général de l'OIM souligne que si le nombre des migrants arrivés peut paraître élevé, il peut toutefois être facilement absorbé par l'Union européenne. «Pour ce faire, les Etats membres de l'UE doivent coopérer pour développer une approche plus cohérente et humanitaire. Dans le même temps, nous devons promouvoir, au niveau de l'opinion publique, un discours ouvert, équilibré et impartial sur la question des flux migratoires vers l'Europe. Le débat public sur ce phénomène est souvent basé sur les émotions, les stéréotypes et les mythes et pas du tout sur la réalité», dit-il.