La chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé mardi que l'Europe se trouvait "dans une situation qui n'est pas digne" d'elle-même concernant la crise migratoire. "L'Europe est dans une situation qui n'est pas digne de l'Europe, il faut tout simplement le dire", a déclaré la dirigeante allemande, lors d'un "dialogue avec des citoyens" à Duisbourg, ville industrielle et minière de la Ruhr, où vit une importante communauté immigrée. Elle a indiqué que face à l'afflux, "nous devons renvoyer" les demandeurs d'asile "qui - selon une forte probabilité - n'ont aucune chance d'obtenir l'asile", chez eux. "C'est une chose difficile mais la Serbie, l'Albanie et le Kosovo, ce ne sont pas des pays où règne pour le moment la guerre civile", a-t-elle ajouté. "Ceux qui ont un droit à l'asile, par exemple les Syriens, ils doivent être répartis de manière équitable en Europe", a poursuivi la chancelière, précisant: "Un pays comme l'Allemagne, plus fort économiquement que d'autres pays, doit prendre une plus large part mais trois ou quatre pays sur 28 ne peuvent à eux seuls assumer cette charge: ce n'est pas l'Union européenne que nous souhaitons". Elle a fait ces déclarations alors que l'arrivée de ces réfugiés provoque des réactions xénophobes, notamment dans l'est du pays, au moment où l'Allemagne s'attend à recevoir 800.000 demandes d'asile en 2015, soit quatre fois plus que l'an dernier. Dans ce contexte, l'Office fédéral de l'immigration et des réfugiés (BAMF) a annoncé que Berlin a cessé de renvoyer les demandeurs d'asile syriens vers leur point d'entrée dans l'Union européenne, suspendant en pratique l'application du règlement de Dublin qui prévoit une telle expulsion. "Nous saluons cet acte de solidarité européenne. Pour la Commission, cela constitue une reconnaissance du fait que l'on ne peut laisser les Etats membres situés aux frontières extérieures gérer seuls le grand nombre de demandeurs d'asile cherchant refuge en Europe", a commenté à Bruxelles la porte-parole de la Commission européenne, Natasha Bertaud. "C'est le seul cas dont nous avons connaissance parmi les Etats membres", a poursuivi Mme Bertaud. Sur son compte Twitter, le BAMF indique ne plus mener, "à l'heure actuelle" et "en pratique", de procédures d'expulsion vers un autre pays européen prévues par le règlement de Dublin, pour les ressortissants syriens. Adopté en 2003, le règlement dit "Dublin II" fixe les règles de compétence au sein de l'Union européenne pour l'examen des demandes d'asile, laissant au premier pays d'accueil le soin de traiter une demande.