Plusieurs pays, l'Allemagne en tête, ont annoncé des mesures d'accueil des réfugiés qui continuent d'affluer en masse en Europe notamment via l'île grecque de Lesbos, porte d'entrée des migrants sur le Vieux continent. Dans le cadre des efforts visant à désamorcer la plus grave crise migratoire depuis 1945 en Europe, l'Allemagne a annoncé sa disposition à accueillir un demi-million de réfugiés par an à moyen terme. "Je pense que nous pouvons certainement gérer un chiffre de l'ordre du demi-million (de réfugiés par an) pendant plusieurs années...", a dit le vice-chancelier et ministre de l'Economie Sigmar Gabriel. La politique européenne à l'égard de la question de l'immigration "doit changer", estime le ministre allemand dont le pays compte débloquer six milliards d'euros supplémentaires pour la prise en charge des demandeurs d'asile et des réfugiés. Confrontée à un nombre record d'arrivées de réfugiés fuyant notamment les zones de conflit comme la Syrie, mais aussi de migrants venus des pays des Balkans et en quête d'un avenir meilleur, l'Allemagne a également décidé d'ajouter trois pays à sa liste des pays considérés comme sûrs, le Kosovo, l'Albanie et le Monténégro, ce qui va permettre d'accélérer les procédures de retour dans leur pays d'origine. L'Allemagne attend ainsi quelque 800.000 demandeurs d'asile cette année, contre un peu plus de 200.000 en 2014, selon des estimations. Les mesures d'accueil s'accélèrent Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a demandé la semaine dernière aux Européens de se partager l'accueil de quelque 200.000 personnes, alors que depuis le début de l'année plus de 360.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée. Outre l'Allemagne, d'autres pays ont annoncé des mesures d'accueil des migrants. La France, par la voix de son président François Hollande, a indiqué que son pays était prêt à accueillir 24.000 personnes en deux ans, et a plaidé pour un mécanisme de quotas entre les pays européens. La décision de Paris a été vivement saluée par Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, appelant tous les membres de l'Union européenne (UE) à agir "avec le même courage" pour faire face à la crise des migrants. Evoquant le débat qui doit avoir lieu mercredi au Parlement européen sur la répartition dans toute l'UE des demandeurs d'asile, Mme Mogherini a indiqué qu'il pourrait y "avoir une proposition pour sanctionner, d'une manière ou d'une autre, les Etats membres qui ne respecteraient pas les propositions adoptées". Pour sa part, le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé que son pays était prêt à accueillir 20.000 réfugiés syriens au cours des cinq prochaines années pour répondre à "l'ampleur de la crise et à la souffrance du peuple syrien". Au-delà des frontières, le Québec est disposé à accueillir 3.650 réfugiés syriens d'ici à la fin de l'année et demande l'appui du gouvernement fédéral canadien pour en faciliter les démarches administratives, selon la ministre québécoise de l'Immigration, Kathleen Weil. La Nouvelle-Zélande a annoncé qu'elle accueillerait 750 Syriens sur trois ans. Le ministre de l'Immigration Michael Woodhouse a expliqué que 150 d'entre eux seraient accueillis dans le cadre du programme d'accueil de réfugiés déjà en vigueur et 600 autres au titre de l'urgence. En Amérique latine, le président du Venezuela, Nicolas Maduro a ordonné à sa ministre des Affaires étrangères d'organiser l'accueil de 20.000 réfugiés de Syrie "qui se trouvent dans la diaspora syrienne". Plus de quatre millions de Syriens ont déjà fui leur pays depuis mars 2011. D'autres pays latino-américains se sont aussi dits prêts ces derniers jours à ouvrir leur porte comme le Brésil qui s'est dit disposé à accueillir à "bras ouverts" ceux qui, "expulsés de leur patrie, voudraient venir vivre, travailler, et contribuer à la prospérité et à la paix du Brésil", selon les propos de la présidente Dilma Roussef. Au Chili, le ministre des Affaires étrangères, Heraldo Munoz, a affirmé que l'accueil de réfugiés était à l'étude. "Le gouvernement est profondément préoccupé par cette situation humanitaire", a-t-il déclaré au quotidien Tercera. Afflux sans répit des migrants En attendant le début de l'application de ces mesures d'accueil, l'afflux massif des réfugiés continue: 30.000 migrants se trouvent actuellement sur les îles grecques, dont 20.000 sur l'île de Lesbos, proche de la Turquie, selon la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, qui parle "d'une nette augmentation de ces chiffres", avec "quelque milliers d'arrivées chaque jour" dans les îles grecques. Les autorités d'Athènes, qui jugent la situation "au bord de l'explosion" à Lesbos, ont pris une série de mesures d'urgence pour soulager Mytilène, chef-lieu de l'île, accélérer le transfert des déplacés vers la capitale grecque et faciliter leur prise en charge. Par ailleurs, plus de 2.000 migrants sont entrés de Grèce en Macédoine lundi tandis que quelque 8.000 autres attendaient de pouvoir franchir la frontière pour rejoindre l'Europe occidentale. Selon l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, des milliers de nouveaux réfugiés syriens pourraient vouloir se rendre en Europe à cause de la poursuite de la crise chez eux. Dans le même contexte, le président du Conseil européen Donald Tusk. a averti que la crise liée à l'afflux de migrants en Europe est le début d'un "exode" qui risque de durer des années. La crise des migrants s'est aggravée après la publication des images du corps d'Aylan Kurdi, le petit syrien de trois ans échoué sur une plage turque. L'Occident est pointé du doigt dans cette crise: Pour le président russe Vladimir Poutine, la crise des migrants en Europe est le résultat d'une politique "erronée" de l'Occident au Proche-Orient.