La nouvelle loi d'orientation sur la recherche scientifique et le développement technologique institutionnalise la recherche dans le secteur socio-économique, a affirmé vendredi le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique auprès du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Hafidh Aourag. L'accent sera mis dans la nouvelle loi sur "la promotion et la valorisation de l'activité de recherche scientifique et de développement technologique dans le secteur socio-économique. Cette loi institutionnalise la notion de chercheurs et de recherches en milieu industriel", a-t-il affirmé dans un entretien à l'APS. Selon ce responsable, les nouvelles dispositions contenues dans cette 3è loi consacrée essentiellement au développement technologique, visent à "mettre en place un dispositif de recherches scientifiques productif au service de l'économie nationale". "Il faut que le secteur socio-économique ait la conviction qu'il ne peut pas se développer s'il n'a pas les structures de recherches et de développement nécessaires. Il ne peut pas continuer à importer des licences et à fabriquer le même produit pendant des décennies. Il faut qu'il innove et qu'il développe de nouveaux produits pour faire face à la concurrence sur le marché", a-t-il indiqué, regrettant l'absence de structures de recherches en milieu industriel algérien. "Il n'y a aucun centre agrée ou une structure de recherches en milieu socio-économique algérien et aucun chercheur dans l'industrie", a-t-il fait savoir, assurant que 250.000 sur les 350.000 chercheurs que compte la France sont dans le milieu industriel et que 88% des chercheurs dans le monde sont dans l'industrie. Pour faciliter le transfert des résultats de la recherche scientifique et du développement technologique vers le secteur socio-économique, la nouvelle loi introduit un nouveau concept: "la thèse en industrie pour répondre au besoin du secteur", a-t-il souligné. La possibilité de réaliser des thèses de doctorat en milieu professionnel est ainsi consacrée dans le projet de loi d'orientation sur la recherche scientifique et le développement technologique qui consacre également le soutien de l'Etat au profit de l'entreprise innovante qu'elle soit publique ou privée. Au plan de la valorisation, le Pr Aourag a plaidé pour la mise en place d'un capital risque pour soutenir la recherche scientifique, particulièrement dans le secteur industriel. "L'effort de recherche engagé par les agents économiques doit être soutenu à partir des fonds consacrés à la recherche", a-t-il soutenu d'autant, a-t-il ajouté, "la recherche scientifique est devenue une priorité pour le pays". Vers l'évaluation des activités de la recherche scientifique Une évaluation des activités de recherche scientifique et de développement technologique sera menée désormais conformément aux dispositions de la nouvelle loi. "Il faut demander des comptes à ce système, il faut que les chercheurs que nous finançons produisent une valeur ajouté pour l'économie du pays", a-t-il souligné. Après la construction de l'édifice institutionnel de recherche à même de garantir la stabilité des institutions, la pérennité des missions et la cohérence des objectifs, ainsi que la mobilisation des compétences humaines et des moyens matériels et financiers, le Pr Aourag a estimé qu'il était temps de mettre en place une stratégie de recherche scientifique et de développement technologique pour le pays. "Aujourd'hui, sur l'ensemble des investissements que nous avons consenti, nous commençons à avoir un retour sur investissement puisque nous commençons à réceptionner les infrastructures dont 90% ont été équipées en équipements scientifiques de dernière génération et à mobiliser plus de chercheurs", a-t-il indiqué. Il reste, cependant, que la construction d'un système national de recherche fiable repose sur la ressource humaine qualifiée. "Aujourd'hui, il ne faut pas se leurrer, il ne faut pas se dire qu'on peut se comparer aux autres pays. Nous sommes encore très loin en termes de ressources humains et en termes de compétences. Nous avons à peu près 30.000 chercheurs, dont seulement 33 %, soit 10.000 ont la capacité d'être autonomes et de mener des recherches indépendamment des autres", a-t-il précisé. Selon le Pr Aourag, un "effort important" doit être mené au niveau de l'enseignement supérieur pour la formation de docteurs dans la mesure où la capacité d'innovation d'un pays dépend largement de l'effectif et de la qualification du personnel qui se consacre à la recherche et au développement dans ses entreprises, ses universités et ses centres de recherches. "Nous avons 60.000 inscrits en doctorat. Si on parvient à les faire soutenir dans les délais, on aura une provision de 60.000 chercheurs qu'on pourra injecter dans le système de recherche scientifique", a-t-il estimé. "Aujourd'hui, on ne peut pas faire de prévisions parce qu'on n'a pas la maîtrise de cette production de chercheurs. Notre souhait est que ces chercheurs algériens établis à l'étranger puissent participer à l'effort national, mais très peu répondent à l'appel", a-t-il regretté. "Ces algériens qui sont à l'étranger et qui peuvent apporter un plus au système national de recherche scientifique se comptent sur les bouts des doigts", a-t-il encore ajouté. Le projet de création de 100 centres de recherches "répond à une conjoncture de développement local ou régional en appui à une structure socio-économique", a-t-il souligné, précisant qu'en plus des deux centres déjà réceptionnés, un nombre important le sera en 2016.