La rencontre tripartite (Gouvernement-UGTA-patronat) qui a tenu mercredi à Biskra sa 18ème édition a été axée autour de la nécessité de mobiliser et de renforcer l'outil national d'investissement pour bâtir une économie diversifiée et libérée de la dépendance des recettes d'hydrocarbures. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ainsi que des membres de son gouvernement, la Centrale syndicale et les représentants du patronat national public et privé étaient unanimes quant à l'impératif de trouver des solutions réelles pour faire face aux effets de la baisse des cours mondiaux de pétrole sur l'économie nationale. Ainsi, le soutien de l'investissement national productif devrait constituer une de ces solutions à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise. Dans cette optique, la question du foncier industriel, principale entrave aux investissements, devrait être ‘‘définitivement prise en charge dans les six prochains mois'', a assuré M. Sellal à l'ouverture des travaux de cette tripartite organisée pour la première fois dans la capitale des Zibans. ‘‘D'ici six mois, nous allons résoudre définitivement le problème du foncier industriel'', a-t-il promis, ajoutant que des instructions ‘‘strictes'' ont été données aux walis et aux présidents des Assemblées populaires communales (APC) pour la création de nouvelles zones d'activités industrielles. ‘‘Il faut régler le foncier pour pouvoir faciliter davantage la création d'entreprises'', a insisté M. Sellal, assurant que la question du foncier sera ‘‘une bataille gagnée dans six mois''. Dans le même contexte, les opérateurs économiques ayant bénéficié d'assiettes foncières sans lancer leurs projets ‘‘sont tenus de les exploiter''. Sur le même chapitre, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a annoncé que le projet de la loi de finances 2016 permet aux opérateurs privés de créer et de gérer des zones d'activité ou des zones industrielles à condition qu'elles ne soient pas sur des terrains agricoles. De même, un audit a été lancé pour recenser tous les actifs résiduels non utilisés pour définir leur superficie et emplacement. "Si vous additionnez ces mesures, vous verrez se déployer une feuille de route résolue à donner naissance à un véritable marché du foncier économique, libéré de la contrainte administrative, de la spéculation et de la pression s'exerçant sur le domaine privé de l'Etat", a assuré M. Bouchouareb. Il a tenu à rappeler que le gouvernement serait rigoureux dans la gestion de ce foncier, citant la disposition de la LFC 2015 qui taxe les terrains non exploités après trois ans de leur octroi. "Chaque mètre carré délaissé a un coût en entreprises non créées, en croissance retardée, en recettes non générées et en emplois hypothéqués", a-t-il soutenu. Evoquant, d'autre part, l'intégration de l'économie informelle dans la sphère formelle, le Premier ministre a vivement encouragé les acteurs de ce secteur à "déposer en toute confiance leur avoirs dans les banques et à déclarer leurs salariés non pas parce qu'ils sont obligés de le faire, mais parce qu'ils y trouveront avantage et pourront investir leurs moyens financiers dans le secteur productif". M. Sellal a rassuré, à cet effet, qu'"il n'y aura aucune poursuite judiciaire ni fiscale contre ces acteurs". Il a également réfuté des rumeurs et allégations selon lesquelles, les autorités auraient eu recours à cette mesure de conformité fiscale volontaire en prévision ‘‘du changement de la monnaie''. =Une rencontre d'évaluation avant fin 2014= Le chef de l'Exécutif a, par ailleurs, annoncé qu'une nouvelle rencontre regroupant le gouvernement, la centrale syndicale et les représentants du patronat national est prévue avant la fin de l'année en cours pour évaluer la mise en £uvre des engagements pris dans le cadre de la tripartite de Biskra ainsi que ceux liés au pacte économique et social de croissance adopté en 2014. M. Sellal n'a pas défini la date ni le lieu de cette future rencontre. Sur un autre volet, il a estimé ‘‘inconcevable que des travailleurs partent à la retraites à 50 ans ou moins car ils ont accompli 32 ans de services, alors que la Caisse nationale des retraites prend en charge leurs pensions''. Il a ajouté que le gouvernement compte réviser le système actuel de la retraite anticipée. De son côté, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a mis l'accent sur la nécessité, pour l'Algérie, de réussir la bataille économique avec sa dimension sociale, en "faisant face à un contexte international défavorable". Il a mis en évidence le rôle "important" que peut jouer, dans cette perspective, l'industrie nationale, ajoutant, à cet effet, que l'UGTA "considère que nous sommes intimement liés pour relancer l'industrie nationale et la placer dans la trajectoire d'une Nation qui a toutes les capacités humaines et matérielles d'atteindre le niveau industriel des pays émergents". Les organisations patronales ont, quant à elles, préconisé d'orienter les efforts de l'Etat vers les créneaux où l'Algérie possède des potentialités importantes notamment l'agriculture pour faire face à une situation économique difficile due à la dépendance aux hydrocarbures. Elles ont salué, au passage, les mesures récentes prises par les pouvoirs publics à l'effet de libérer l'acte d'entreprendre et d'investir, notamment celles relatives à l'amendement du code des procédures pénales et le code des marchés publics.