Le soixante-dixième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies (ONU) dont la célébration aura lieu samedi prochain ne sera, finalement, pas l'occasion souhaitée pour amorcer la réforme du système onusien et son coeur battant, le Conseil de sécurité. Deux décennies de débats et onze cycles de négociations intergouvernementales, entamés en 2009, n'ont pas encore permis la mise en oeuvre du projet de réforme du Conseil pour le rendre "plus représentatif de la communauté internationale". Le Conseil de sécurité a continué, pendant tout ce temps, à fonctionner à rebours des réalités géopolitiques d'aujourd'hui, ignorant les bouleversements de la vie internationale et l'émergence de puissances politiques et économiques. La seule réforme opérée, à ce jour, remonte à 1963. Elle a porté sur l'élargissement du nombre des membres non permanents, de 6 à 10. Au plan rétrospectif, il sied de noter que la revendication de réforme est portée notamment par le groupe dit L.69 , le G4 et le groupe des Etats arabes. Le groupe L69 est constitué de 42 pays parmi lesquels le groupe africain, ceux d'Amérique Latine, des Caraïbes et enfin ceux du pacifique. Le G4 est représenté par l'inde, l'Allemagne, le Japon et le Brésil. Ce dernier fait valoir, son poids économique et propose un Conseil à 25 membres dont six sièges permanents supplémentaires sans droit de veto pour lesquels chacun d'entre eux postule. L'Algérie, elle, active au sein du groupe africain et fait partie du comité des Dix. Ce comité milite , dans l'esprit du consensus d'Ezulwini (Swaziland) et de la déclaration de Syrte en 2005 pour faire bénéficier le continent de deux sièges permanents avec droit de veto et deux sièges non permanents. L'Afrique, 1,2 milliard d'habitants et comptabilisant 55 Etats sur les 193 que compte l'Onu, considère qu'elle n'est pas assez bien représentée au sein des Nations Unies. Les pays africains trouvent paradoxal voire "injuste" que le continent n'est pas du tout représenté dans la catégorie des membres permanents. Il est également sous représenté dans la catégorie des non permanents alors que l'essentiel de l'agenda du conseil a trait à des questions africaines. -Les cinq, inflexibles à la revendication de réformer le droit de veto- Face à la revendication de réforme, la position des cinq pays membres permanents est restée inflexible. Bien que concédant à un élargissement des membres, les cinq, en dépit de leurs divergences sur le traitement des questions internationales, n'entendent pas changer le mode de fonctionnement du Conseil en particulier le droit de veto. Résumant leur attitude, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Ramtane Lamamra, a fait part, quelques semaines avant l'ouverture de la 70 éme session, de son scepticisme de voir les discussions autour de la réforme enregistrer une quelconque avancée. Pour lui, les réponses recueillies auprès des membres permanents "ne sont pas de nature à autoriser un optimisme raisonnable". Il a fait remarquer qu'ils sont "tous pour un élargissement modeste de la catégorie des sièges permanents dans le cadre d'une sous-catégorie de membres non titulaires du droit de veto". Il est utile de souligner qu'au delà de l'élargissement de membres représentés au conseil, l'Algérie plaide aussi pour une revitalisation de l'Assemblée générale qui aiderait à trouver plus aisément un compromis pour la réforme de cet organe. Elle appelle également à "réglementer l'utilisation du droit de vote" et à "accorder un certain contrôle d'opportunité à l'Assemblée générale sur les actes du conseil de sécurité". D'autres pays comme la France plaident pour un "encadrement du droit de veto" c'est-à-dire s'engager à ne pas l'appliquer en cas d'atrocités de masse. Cette proposition n'a, pour l'heure, pas reçue d'écho de la part des autres pays membres qui continuent à utiliser ce droit comme un privilège. Comme celui d'éviter de condamner Israël lorsque sa responsabilité est pleinement engagée dans des atrocités commises en Palestine.