La présence ottomane en Algérie a laissé des traces indélébiles qui ont survécu, jusqu'à nos jours, aux vaines tentatives entreprises par l'occupant français de les effacer de la mémoire et du vécu du peuple algérien, a estimé, mardi, le professeur El-Ghali Gharbi, directeur du laboratoire des études historiques et méditerranéennes, de l'université Yahia Fares de Médéa. Un legs "précieux et inestimable" est né de cette relation particulière et privilégiée qu'avait entretenue les nations algérienne et turque, "transcendant tous les obstacles, tant politiques, culturels ou linguistiques, censés les séparer et les éloigner, l'un de l'autre, et entamer un parcours commun que beaucoup d'adversaires voyaient d'un mauvais oeil", a rappelé le professeur El-Ghali, lors des travaux de la première journée du séminaire international sur les liens civilisationnels et culturels, modernes et contemporaines, entre l'Algérie et la Turquie, qui se tient du 10 au 11 novembre courant à Médéa. Pour cet universitaire, la longue présence ottomane en Algérie ne peut être réduite à un simple passage, une parenthèse dans l'histoire du pays, mais au contraire, cette présence "a abouti à des mutations, socioculturelles notamment, très profondes, dont on peut percevoir, aujourd'hui encore, le reflet, tant au plan de certaines traditions, us ou coutumes, qu'au plan architectural ou artistique". Les deux cultures ont pu, au cours de trois siècles de présence, "fusionner" et tirer profit de cette diversité de langue, de pratiques et traditions sociales, et d'appartenance ethnique à construire ensemble un avenir commun, a fait observer cet universitaire qui a réfuté, à cette occasion, la thèse qui parle d'occupation ottomane de l'Algérie. L'universitaire, a rappelé que l'empire ottoman a constitué un "rempart" face au risque que représentaient les croisés pour l'Algérie et ne peut être considéré, à cet égard, comme une forme d'occupation, mais le résultat d'un pacte d'alliance passé entre l'élite politico-religieuse algérienne de l'époque et la "Porte Sublime". Abondant dans le même sens, le professeur Mustapha Benhamouche, de l'université d'Alger, affirme que les Ottomans sont venus en Algérie à la "demande" des notables et muftis et exégètes de l'époque qui, par craintes des assauts répétés de l'armada des croisés, avait "sollicité" l'aide de Constantinople. Ce pacte d'alliance a permis, de "sauver la vie de centaines de milliers de musulmans, pourchassés par les nouveaux maitre de l'Andalousie, et leur rapatriement vers l'Algérie". Entre 300.000 et 500.000 migrants furent rapatriés d'Andalousie, selon certaines sources historiques, tandis que d'autres sources avancent le chiffre d'un million à un million et demi de migrants sauvés des griffes des croisés par l'armada ottomane, a révélé cet universitaire qui a tenu à "rendre justice" à l'œuvre accomplie par le commandement de la force navale ottomane, dirigé par les frères Arroudj.