La configuration urbaine de l'Algérie a connu de grands bouleversements, durant la présence ottomane, à travers l'introduction de nouveaux styles architecturaux et de nouveaux modes d'organisation des villes et centres urbains, donnant, à partir, du début du 17è siècle, un cachet particulier aux principales agglomérations urbaines de l'époque, ont estimé, mercredi, à Médéa, des universitaires. Ces bouleversements ont été favorisés essentiellement par le niveau de développement économique atteint, au milieu du 16ème siècle, grâce notamment à l'activité commerciale, devenue très prospère, en raison de la multiplication des échanges avec les régions sous l'autorité de la Sublime Porte, les rentrées également provenant de l'impôt maritime imposé par la flotte ottomane sur la navigation en mer méditerranée, a indiqué le professeur, Salah Alouani, de l'université de Tunis, lors de la deuxième et dernière journée du séminaire sur les liens civilisationnels et culturels, modernes et contemporaines, entre l'Algérie et la Turquie, ouvert mardi à l'université Yahia Farès de Médéa. La période allant du 16ème au 17ème siècles fut marquée, a-t-il ajouté, par une profonde mutation urbaine, marquée principalement par l'édification de la ville antique la Casbah d'Alger, centre névralgique du pouvoir politique local, devenu, par la suite, "la place financière la plus importante du bassin du sud de la méditerranée". Edifiée durant l'année 1516, la "Casbah d'Alger reflétait, non seulement, le côté prospère de la ville d'Alger, mais également le témoin du degré de raffinement atteint par les architectes et urbanistes turcs, venus s'installer en masse à Alger et ses environs", a-t-il souligné. L'émergence de cette ville projetait la capitale, Alger, dans "une nouvelle ère en matière d'urbanisme et d'architecture, avec tout ce qu'elle implique, au plan socio-économique, que culturel", a encore expliqué le chercheur. L'édification de la ville de la Casbah d'Alger a provoqué des changements dans le mode de vie des populations autochtones, qui vont, graduellement, se sédentariser et adopter de nouveaux comportements, vestimentaires et culinaires, introduire des métiers et professions qui n'avaient cours qu'en Andalousie, Constantinople ou les grandes villes de l'empire ottoman, comme Izmir et Adarna, a fait observer le professeur Alouani. La Casbah d'Alger n'est pas un cas isolé, car, de nombreux centres urbains, tout aussi prospères, virent le jour durant les trois siècles de présence ottomane en Algérie, a noté pour sa part, le professeur, Mustapha Benhamouche, de l'université d'Alger, citant le cas de Blida et El-Koléa, qui "passèrent du statut de simple territoire agricole au rang de centre urbain". D'autres villes, comme Tlemcen, Oran, Mostaganem, Béjaïa, Constantine et Annaba, profitèrent énormément de cette présence ottomane, grâce notamment à l'afflux de migrants, venus d'Andalousie, de riches marchands, négociants et artisans qui vont stimuler l'activité économique et faire prospérer ces régions, a-t-il précisé. Autre apport considérable de la présence ottomane, l'évolution de l'architecture, en particulier dans le domaine de la construction des lieux de culte, marquée par une profusion de styles et de mosquées, "égalant en beauté et en raffinement ce qui existait à Constantinople et les grandes villes ottomanes de l'époque" souligne, de son côté, professeur Belhadj Maarouf, de l'université Aboubakr Belkaid de Tlemcen. Parmi ces "joyaux architecturaux", il cite les mosquées "Ali Betchine", "Djamaa Jedid", Ketchaoua, à Alger, des "répliques à l'identique des mosquées" respectives, "Kachana Bazari", à Izmir et "Mohamed Chalabi", à Adarna, en Turquie. Une "touche ottomane" qu'on retrouve aussi dans les mosquées "Salah Bey", à Annaba, calqué sur la mosquée "Hissar", à Izmir, la mosquée "Safar", à Alger, une copie parfaite du plan de la mosquée "Sarwane", à Izmir, note le professeur Maarouf.