L'idée d'une «coalition» internationale, qui se mobiliserait contre l'organisation terroriste Daech en Syrie, s'effrite de jour en jour pour donner lieu et place à une «coordination» de quelques Etats pour des attaques aériennes. Devant le Parlement, réuni en Congrès le 16 novembre dernier, suite aux attentats de Paris revendiqués par le groupe terroriste Daech, François Hollande avait annoncé qu'il rencontrerait MM. Obama et Poutine pour établir «une grande et unique coalition» contre ce groupe en Syrie. Onze jours après les attentats du 13 novembre qui ont endeuillé la France, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé la couleur d'un semi-échec diplomatique en évoquant mardi devant les députés l'hypothèse d'une «coordination» internationale avec les Etats-Unis et la Russie contre l'organisation terroriste autoproclamée «Etat islamique» (EI/Daech) en Syrie, faute d'une «coalition» que François Hollande espérait mettre en place. Ce glissement sémantique, considère certains médias, «pourrait avoir des implications stratégiques». C'est dans ce sens que plusieurs éditorialistes de la presse française mettent en doute le succès des efforts diplomatiques du président François Hollande, notamment depuis sa rencontre mardi avec Barack Obama qui a montré la disponibilité des Etats-Unis pour des frappes aériennes, sans pour autant parler de «coalition», ni d'une participation terrestre. Le deuxième élément qui fait que cette idée (coalition) «parte en vrille», les médias citent l'épisode de l'avion militaire russe abattu par la Turquie qui laisse, estime-t-on, «très peu» de chance à la réussite de l'initiative française. Vladimir Poutine, qui était favorable au départ à l'idée, ne semble pas donner la moindre lueur (ou soupçon) qu'il a l'intention de changer sa position vis-à-vis du régime syrien. Ayant pris une longueur d'avance, par sa présence sur le terrain en Syrie, Poutine, en fin stratège, veut adapter les événements et leur développement en Syrie à sa grille de lecture sur la situation au Proche-Orient. Le président Hollande rencontrera jeudi Poutine dans l'espoir de trouver un terrain d'entente pour coordonner les frappes aériennes contre Daech, pour éviter des dommages collatéraux, mais beaucoup d'analystes doutent fort que les deux armées (française et russe) puissent travailler ensemble dans cette guerre qui ne donne pas l'impression d'avoir les mêmes objectifs. La Presse de la Manche relève, dans son éditorial, que François Hollande «veut faire travailler en équipe des Etats qui n'ont aucune envie de se fréquenter», étant donné, explique-t-il, «chacun poursuit sa propre croisade». Le Figaro souligne, pour sa part, qu'avec de «tels alliés», la France «n'est pas au bout de ses peines», relevant que la Turquie et la Russie, qui sont «indispensables» à François Hollande, sont «irréconciliables» sur le sort de Bachar al-Assad. L'initiative est, en quelque sorte, coincée, comme l'a expliquée Khattar Abou Diab, politologue et spécialiste du Moyen-Orient, «entre un acteur, Poutine, qui a son propre agenda et qui, en même temps, est imprévisible, et un autre, Obama, qui ne veut pas bouger». Du côté des Etats-Unis, l'allié incontournable et décisif n'est pas, selon des analystes, «chaud» pour une action d'envergure, expliquant que même s'il fait face à de nombreuses pressions, y compris dans son propre camp, Barack Obama «ne s'est pas encore décidé à aller au-delà des frappes aériennes sur l'EI en Irak et en Syrie». Devant ce concert de doutes, le chef d'Etat français, même s'il ne ménage pas sa peine pour construire un «Yalta du terrorisme», reconnaît l'Est républicain, «son volontarisme bute sur une multitude d'obstacles», même si la participation des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, à cette «coordination», reste conditionnée par seulement des frappes aériennes et avant les fêtes de fin d'année.