Au lendemain du scrutin législatif de ce dimanche en France, la droite parlementaire, battue, sera en passe de se forger une nouvelle identité, se pensant libre de jouer le jeu d'alliances avec l'extrême droite qu'elle avait toujours combattue. Lyon De notre correspondant La victoire de la gauche après le second tour des élections législatives de ce dimanche, 17 juin, ne masquera pas longtemps le malaise qui traverse la société française et qui donne déjà le tournis au monde politique. La crise économique et sociale entraîne une crise des valeurs démocratiques et humanistes. Particulièrement touchée, la droite parlementaire aboutit en cette année 2012 à un point de non-retour. Pourquoi ? Faisons d'abord un peu d'histoire. Depuis les années 1980, le parti d'extrême droite, Front national (FN), remporte des suffrages de plus en plus importants et gêne la droite classique. Au scrutin uninominal à deux tours, aucun candidat FN n'a jamais pu accéder au poste de député. La discipline républicaine a toujours fait que les voix de gauche ou de droite se reportent sur le candidat le mieux placé pour barrer la route à un député qui colporterait des idées liberticides et racistes. Chez les militants de droite et les électeurs, la question commença à se poser il y a plusieurs années : laissera-t-on toujours passer des circonscriptions à la gauche en refusant l'alliance avec le FN, dont les électeurs du reste ont longtemps préféré voter pour la gauche ou s'abstenir plutôt que de voter pour la droite ? Dans ce jeu de la partition à outrance, les modérés l'avaient toujours emporté sur les extrémistes. Sur un autre plan, lors d'élections à la proportionnelle, tous les partis peuvent avoir des sièges. Aux régionales de 1998, la montée en puissance du FN aurait pu faire basculer la moitié des régions à droite, si les partis de droite de l'époque (RPR et UDF) avaient fait alliance avec le parti de Le Pen. Ce fut le cas en Rhône-Alpes et en Languedoc-Roussillon. Le rideau pare-feu s'était alors constitué et ces régions après des scandales mal cicatrisés revinrent à la droite et au centre, grâce à une entente républicaine gauche-droite. La loi a depuis changé pour donner une majorité à la liste arrivée en tête, sans avoir besoin d'alliance contre-nature. Enfin, en 2002, Le Pen, candidat du Front national, arrivait devant Lionel Jospin à la présidentielle. Au second tour, Chirac bat Le Pen par plus de 80% des voix, après avoir refusé le traditionnel débat avec le candidat du FN. On passe rapidement aux années Nicolas Sarkozy, pendant lesquelles ministre, puis président de la République, il n'a eu de cesse d'instrumentaliser à son service des idées plus proches du FN que de sa famille politique de droite. Identité nationale, place de l'Islam, ministère de l'Immigration, autant de thèmes qui ont d'une part réveillé le monstre d'extrême droite et d'autre part banalisé son discours et rompu les digues.