Une seule inconnue pour les régionales des deux prochains dimanches : le score de l'extrême droite, annoncé très haut par les sondages. Une seule inconnue pour les régionales des deux prochains dimanches : le score de l'extrême droite, annoncé très haut par les sondages. Les sondages préélectoraux sont sans appel, le parti de droite, Les Républicains, et le Front national (FN) sont en tête des intentions de vote, avec 28%, loin devant le Parti socialiste (PS) qui tourne à 22-23%. D'autres instituts placent le FN en tête devant la droite et le PS largement distancé. Certains chroniqueurs n'hésitent pas à pronostiquer un séisme politique, une catastrophe pour la gauche au pouvoir depuis 2012, qui pourrait ne conserver que trois ou quatre régions. Ce serait aussi une victoire tronquée pour la droite qui, même si elle emporte des régions, ne vivra pas une vague bleue comme celle rose du PS en 2010, date des précédentes régionales. Les appels des leaders de la droite avaient jusqu'à hier soir un air d'affolement. Les meetings se concentrant beaucoup sur des critiques envers un parti, le FN, pas encore aux commandes, mais désigné comme l'ennemi à abattre. Sur le flanc gauche, les dernières consignes désespérées de la gauche, qui détient encore les rênes du pouvoir national, n'y pourront rien. La lente dérive vers la droitisation de la société française devrait se caractériser demain par une évolution jamais vue, avec une cristallisation dans un vote légitimant l'extrême droite représentée par le Front national. La droite et l'extrême droite représentant pas moins de 60% des suffrages des Français. Au lendemain des élections régionales, la gauche et ses alliés, toutes tendances confondues, ne représenteront tout au plus que 30 à 35% des voix des électeurs au niveau national. La défiance envers les partis classiques Après avoir été dominante jusqu'en 2012 avec l'élection à la présidence de la République du socialiste François Hollande et l'Assemblée nationale décrochée dans la foulée, la gauche s'est défaite peu à peu de ses bastions : le Sénat d'abord, acquis historiquement en 2011 et perdu très vite en 2013 à l'avantage de la droite ; une grande partie des grandes villes françaises en 2014 lors des municipales et, en 2015, un grand nombre de départements. Enfin, en ce mois de décembre 2015, les régions gagnées en 2010 — 20 sur 22 régions métropolitaines — ne seront plus qu'un souvenir. Comme le veut la formule, «le roi sera nu» et les prochaines échéances démocratiques de 2017 pourraient signifier la perte du pouvoir avec la présidentielle et les législatives vraisemblablement perdues, si l'évolution politique du pays continue dans cette voie droitière. Ramenés à treize grandes régions (hors outremer) par la dernière loi de décentralisation, les territoires régionaux agrandis pour la plupart vont revenir pour une part à la droite du parti Les Républicains (présidé par Nicolas Sarkozy, ancien président de la République), allié aux centristes de l'UDI. La grande inconnue reste celles où l'extrême-droite peut l'emporter. Selon les derniers sondages, qui ne sont en rien la réalité du scrutin, plusieurs régions pourraient basculer dans le giron du FN. Parmi celles-ci : Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (capitale Toulouse), Bourgogne-Franche-Comté (capitale Dijon), Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (capitale Strasbourg) et surtout Nord- Pas-de-Calais-Picardie (capitale Lille) où la présidente du Front national, Marine Le Pen, est tête de liste, et Provence-Alpes-Côte d'Azur (capitale Marseille) où sa nièce, Marion Maréchal Le Pen, a comme sa tante de fortes chances de gagner. Cette poussée de fièvre nationaliste et antirépublicaine est nourrie par la défiance envers les partis classiques qui ont démontré leur incapacité à juguler la crise économique et la déshérence sociale, face aux craintes de la mondialisation. Les régions où le vote FN est annoncé triomphant sont notamment celles du plus fort taux de chômage. Autre facteur déterminant, l'immigration, cheval de bataille du FN depuis sa création dans les années 1970 avec son corollaire : la place, grandissante à ses yeux, de l'islam accusé de tous les maux. A ce sujet, l'épisode de la fin de l'été et du début de l'automne des milliers de migrants arrivant en Europe a inquiété une large frange de la population. Enfin, la sécurité malmenée. Les attentats islamistes de janvier et de novembre à Paris ont sonné le glas des partis traditionnels accusés d'avoir mal anticipé la survenue de ces drames.