La Méditerranée est actuellement un "large théâtre" où s'affirment, se développent et se croisent plusieurs facteurs générateurs de tensions et de menaces pour la sécurité et la paix régionales et internationales, a affirmé samedi à Rome le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. "Aujourd'hui, la Méditerranée est un large théâtre où s'affirment, se développent et se croisent plusieurs facteurs générateurs de tensions et de menaces pour la sécurité et la paix régionales et internationales", a indiqué M. Messahel dans une allocution prononcée à la Conférence sur les Dialogues méditerranées qui se tient dans la capitale italienne du 10 au 12 décembre. "Plus que dans d'autres régions, les profondes mutations que vit notre monde ont des répercussions directes sur la paix, la sécurité et le développement dans l'espace méditerranéen", a relevé le ministre, précisant que "ces mutations interpellent les pays riverains, ainsi que leurs partenaires, et les invitent à réfléchir sur les meilleurs voies et moyens de renforcer la vocation de lac de paix, de dialogue et de coopération mutuellement bénéfiques pour les peuples méditerranéens". M. Messahel a indiqué que "la réalité d'aujourd'hui conforte malheureusement l'idée d'une Méditerranée ligne de fracture. Ces facteurs fragilisent à nouveau les équilibres qui ont permis à cette mer de s'accommoder tant bien que mal de sa grande hétérogénéité politique, économique, humaine et sécuritaire, ainsi que de la dualité d'une rive nord riche et prospère et d'un sud engagé dans son développement et aspirant légitimement à tirer avantage de cette proximité et de ce voisinage sans pareil dans d'autres régionaux du monde". Parmi ces facteurs, le ministre a évoqué "les plus importants, ainsi que leurs conséquences sur notre perception de ce que devrait être l'architecture de paix, de sécurité et de développement de cette partie particulièrement sensible de la planète". M. Messahel a affirmé qu'en premier lieu, "il y a l'apparition et la multiplication de conflits armés dans l'espace méditerranéen et dans son voisinage immédiat", précisant que "l'intervention étrangère dans les processus internes de changements institutionnels enclenchés par les peuples des pays touchés par ces conflits, aujourd'hui c'est la Libye et la Syrie, a conduit au dévoiement de ces processus et à l'annihilation des efforts et chances de règlement pacifique et par la voie du dialogue de ces crises à leur stade initial". "Les peuples de ces pays ont droit, comme tous les autres peuples, au respect de leur volonté souveraine à décider librement de leur propre devenir", a-t-il souligné. Le ministre a indiqué qu'"en deuxième lieu, ces conflits viennent s'ajouter à ceux déjà existants et dont la résolution n'a cessé d'entraver la construction de l'espace méditerranéen, d'y alimenter les tensions et d'y menacer la paix et la sécurité". "Il s'agit principalement de la persistance du déni du droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination et à son droit à son Etat indépendant avec El Qods pour capitale, ainsi que des autres territoires arabes occupés et annexés par Israël en violation de la légalité internationale", a-t-il expliqué. "L'impasse dans laquelle a été placé le processus de paix isréalo-palestinien ne diminue en rien, a affirmé le ministre, la légitimité de la cause du peuple palestinien. Elle aggrave par contre la perte de crédibilité de l'action internationale". Pour M. Messahel, "il y a urgence à sortir ce processus du blocus actuel, à mettre fin aux souffrances quotidiennes du peuple palestinien et à son sacrifice, et donner enfin droit aux revendications légitimes de celui-ci". "Non loin de nous, le peuple du Sahara occidental continue à subir les affres de l'occupation étrangère et attend toujours d'exercer son droit légitime à l'autodétermination conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies". Les facteurs cités en troisième lieu, par le ministre sont "les situations de vacuum ou d'affaiblissement de l'autorité centrale dans certains pays, notamment en Libye et en Syrie" qui ont offert, a-t-il expliqué, "aux groupes terroristes l'opportunité d'occuper des territoires, de soumettre des populations civiles à leur barbarie, de contrôler des ressources, d'intensifier et d'élargir le champ de leurs actions criminelles". Les attentats de Paris sont, selon lui, "une illustration dramatique du renforcement des capacités de ces groupes criminels. Dès lors, lutter contre le terrorisme qui a toujours été une menace contre laquelle aucun pays n'est protégé, est un défi qui interpelle l'ensemble de la communauté internationale, et certainement tous les pays de la région". "La lutte contre ce phénomène va de pair avec le renforcement des capacités de nombreux Etats de la région, des Etats forts et capables, mais également justes fournissant ainsi aux populations la protection dont elles ont besoin", a recommandé M. Messahel, estimant que "cette lutte contre le terrorisme implique également l'avènement rapide de solutions durables aux conflits libyen et syrien".