Des hommages de reconnaissance et d'admiration ont été exprimés à la mémoire de Hocine Aït Ahmed, ancien chef historique de la révolution et leader du parti FFS, depuis l'annonce de sa mort mercredi à Lausanne (Suisse), dans lesquels sont évoquées les qualités du défunt. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a qualifié le défunt de "sommité dont les valeurs humaines, la finesse et l'intelligence politique inégalées avaient éclairé un pan de l'histoire du militantisme algérien et marqué de leur empreinte l'histoire de tous les mouvements de libération de par le monde". Dans un message de condoléances, le président Bouteflika l'a qualifié de "l'un des grands hommes de l'Algérie, un éminent militant et un dirigeant historique hors pair". Pour le président de la République, l'Algérie vient "de perdre une sommité de la trempe de Hocine Ait Ahmed dont les valeurs humaines, la finesse et l'intelligence politique ont éclairé un pan de l'histoire du militantisme algérien et marqué de leur empreinte l'histoire de tous les mouvements de libération de par le monde". "Dirigeant historique du mouvement national et de la Révolution algérienne, le défunt intègre, à la fleur de l'âge, le Parti du peuple algérien (PPA) puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) où il perce rapidement en faisant preuve d'une intelligence vive et prompte et de beaucoup de bon sens, forçant ainsi l'admiration et le respect de ses compagnons qui se joignent à lui pour se frayer un chemin sur la voie de la libération, par la réflexion et la recherche des meilleures voies à même de lutter contre l'occupant", a ajouté Bouteflika dans son message. "Je ne saurais me consoler de la disparition de cet homme fidèle à sa patrie, soucieux de l'unité de sa Nation, courageux dans ses positions, attaché à ses principes, affable, constructif dans ses critiques, digne dans son opposition à l'égard de certains responsables dont il contestait le mode de gouvernance et la méthode de gestion. Un homme qui se refusait à la surenchère et aux compromissions lorsqu'il s'agissait de questions cruciales intéressant sa patrie", a écrit le président de la République. Le président Bouteflika cite le courage, la bravoure et le charisme de l'homme "depuis l'Organisation spéciale (OS) qu'il a présidée à une période des plus sombres, jusqu'à ses positions courageuses et ses avis judicieux qui éclairaient les nombreuses rencontres et conférences internationales". Il cite également la fondation du bureau du Maghreb au Caire où il avait grandement contribué à faire connaître les pays arabes d'Afrique du nord, le détournement par l'armée française de l'avion qui le transportait avec ses compagnons dans une opération de piraterie inédite, sa position face à la menace qui pesait sur les frontières algériennes, et son rôle dans le Gouvernement provisoire dont il devient membre alors qu'il est incarcéré et dans l'opposition où il fut une icône incontestée. "Ni moi, ni le peuple algérien, ni l'Histoire n'oublierons le regretté Hocine Ait Ahmed qui s'était dévoué pour son pays, qui est resté fidèle à son peuple et a honoré le serment (...)", a indiqué le chef de l'Etat. "Le souvenir des hommes de la trempe de Ait Ahmed dont les actions et les réalisations profitent (...) aux générations successives, demeure gravé dans les mémoires et leur souvenir vivace dans les coeurs", a-t-il ajouté. De son coté, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Larbi Ould Khelifa a souligné que l'Algérie a perdu en la personne du Moudjahid Hocine Ait Ahmed, "l'un des symboles de son Histoire contemporaine" et un homme "qui a consacré sa jeunesse à la lutte pour l'indépendance du pays". Le défunt fut, a-t-il ajouté, "l'un des initiateurs du changement historique au sein du mouvement national pour le recouvrement de la souveraineté nationale et pour l'édification d'un Etat libre et démocratique". Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah a souligné, quant à lui, que l'Algérie a perdu "une grande figure historique nationale". "Avec son parcours militant et politique, le défunt a marqué l'histoire contemporaine de l'Algérie, il compte parmi la première génération de moudjahidine qui ont été à l'origine du déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale", a ajouté M. Bensalah. Pour sa part le secrétaire général de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, a souligné que le leader révolutionnaire Aït Ahmed a été "un homme au riche et au long parcours, qui a adhéré dès son jeune âge au mouvement national pour allumer les première mèches de la Révolution algérienne". Il a ajouté qu'"Aït Ahmed, en plus d'être un militant révolutionnaire, était un visionnaire", appelant à "s'inspirer et à suivre son exemple pour que l'Algérie conserve ses acquis, notamment la paix et la stabilité". Aussi et en plus des signes de reconnaissance et les hommages formulés par la classe politique nationale, des hommages ont été adressés à la mémoire du défunt par des personnalités étrangères notamment du monde intellectuel et politique. Hommage des personnalités internationales au révolutionnaire et au démocrate Pour le sociologue et philosophe français, Edgar Morin, Ait Ahmed est "cofondateur du CRUA, grande et noble figure algérienne qui sut demeurer révolutionnaire et démocrate", a-t-il écrit sur compte twitter. L'ancien responsable marocain de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), Abderahmane Youssoufi, s'est rendu en Algérie pour rendre hommage à Aït Ahmed. "J'ai connu Aït Ahmed alors leader du Mouvement national algérien. Dès le premier jour, j'ai eu la conviction que la Révolution algérienne avait un grand leader", a témoigne l'ancien dirigeant de la formation politique marocaine. "Nous avons eu une relation d'amitié profonde et c'est pour cela que je suis ici aujourd'hui et j'ai tenu à venir", a-il déclaré, ajoutant que "Aït Ahmed était le leader de l'Afrique du Nord le plus convaincu et fervent défenseur de l'Union du Maghreb". De son coté, le Parti Socialiste (PS) français a salué la mémoire de "ce militant socialiste qui avait été un des principaux dirigeants du FLN et un défenseur acharné du pluralisme démocratique dans son pays", écrit le premier secrétaire du PS, Jean-Christine Cambadélis. Le PS note, que "c'était le dernier d'une génération de fondateurs de l'Algérie indépendante, sincèrement attaché au développement de la démocratie et de la concorde civile. Il a représenté un courant important du socialisme démocratique au Maghreb". Le SG du parti Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Naef Hawatma, a rendu un hommage à un "ami historique" du peuple palestinien, qui a toujours défendu le droit à l'autodétermination et l'indépendance de la Palestine avec Al Qods pour capitale. Le SG de la Ligue des Etats arabes Nabil El Arabi considère que l'Algérie et la nation arabe ont perdu "l'un des grands dirigeants historiques de la Révolution du 1er novembre 1954 qui a mis fin au colonialisme en Algérie et servi d'exemple aux mouvements de libération dans les pays du tiers monde". De son coté, Mohamed Lamine Ahmed, Conseiller spécial du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a estimé, que "la disparition de cette grande figure est une perte non seulement pour la nation algérienne mais également pour la nation sahraouie et pour tout le Maghreb arabe". Venu présenter les condoléances du gouvernement sahraoui, il a estimé que le défunt "était un grand, à la hauteur des hommes et de la révolution de l'Algérie. Il défendait la cause des peuples opprimés et, à fortiori, le peuple sahraoui voisin. Nous sommes endeuillés par cette perte", a-t-il regretté.