Seule une plaque apposée à l'entrée de la grande poste d'Oran, actuellement en plein travaux de rénovation, rappelle qu'un certain 5 avril 1949, a eu lieu une attaque à main armée exécutée par un commando de l'Organisation spéciale (OS), branche armée du PPA-MTLD. L'un des artisans et exécutants de cette opération héroïque n'était autre que le défunt Hocine Aït Ahmed, décédé, mercredi à Lausanne (Suisse) à l'âge de 89 ans des suites d'une longue maladie. Dans l'ouvrage "La guerre d'Algérie vue par les Algériens", les historiens Benjamin Stora et Renaud de Rochebrune soulignent que la préparation de l'opération remonte au début de l'année 1949, lorsque le responsable national de l'OS de l'époque, Hocine Aït Ahmed, lors d'une réunion avec ses éléments, décide de trouver les fonds de l'argent pour financer les activités de l'Organisation et l'achat des armes nécessaires pour préparer le déclenchement du combat libérateur. Le choix porté sur la poste d'Oran a été fait sur la base d'informations données à Ahmed Ben Bella, responsable de l'OS pour l'Oranie par un employé des PTT, Djelloul Nemiche, selon lesquelles chaque premier lundi du mois, la poste d'Oran réceptionnait des sommes importantes d'argent qui seront dispatchées ensuite sur les autres bureaux de poste. Aït Ahmed informe le SG du PPA-MTLD, Hocine Lahouel, du projet. Selon Stora et de Rochebrune, grâce à l'appui décisif de Hocine Lahouel, le feu vert est donné par les rares responsables au courant. A condition, que les exécutants prennent toutes les précautions pour éviter que l'existence de l'OS ne soit éventée et ne pas impliquer la structure légale du PPA-MTLD. Arrêtée pour le 1er mars 1949, l'opération n'aura pas lieu, le véhicule dérobé, la veille, était dans un mauvais état et ne pouvait pas servir pour cette attaque. La date de l'attaque a été arrêtée pour le prochain premier lundi du mois, soit le 5 avril 1949. Comme pour le mois précédent, Ait Ahmed regagne Oran. Accompagné d'Omar Haddad, Aït Ahmed repère, au centre-ville, une traction avant noire avec, sur le pare-brise, un macaron de médecin. Grâce à un subterfuge, ils parvinrent à chercher le praticien chez lui pour l'enlever et l'emmener jusqu'à un lieu de rendez-vous fixé entre-temps. Le but est d'éviter que le médecin signale le vol de son véhicule et ne donne l'alerte. Le lendemain, à 7h45, un commando est sur place. L'un de ses membres accède au guichet des télégraphes et parvient à tromper la vigilance de l'agent en poste pour permettre au reste du groupe d'investir la salle où est gardé l'argent. Ils neutralisèrent deux agents, surpris en train de compter les fonds. Pressés, les membres du commando ramassèrent le maximum de billets se trouvant à leur portée, avant de prendre la fuite à bord du véhicule, sous le regard ébahis des passants et des clients des deux cafés, "l'Aiglon" et le "Valauris" faisant face à la grande poste. L'opération a été une réussite, même si le butin, une somme de 3.178.000 francs û selon Stora et de Rochebrune - paraissait dérisoire. L'histoire gardera pour toujours les noms d'Aït Ahmed, Ahmed Benbella, Hammou Boutlelis, les frères Lounes et Omar Khettab, Belhadj Bouchaïb et Mohamed Khider, ainsi que Djelloul Nemiche dit Si Bakhti, comme artisans directs ou indirects de cette action héroïque.