L'annonce par la Corée du Nord d'un essai réussi d'une bombe H (bombe hydrogène) a déclenché une nouvelle crise dans la région, portant un coup dur à la stratégie de non-prolifération nucléaire prônée par la communauté internationale, est ce quelques mois après l'accord historique signé entre les grandes puissances et l'Iran. L'annonce par la Corée du Nord d'un essai réussi d'une bombe H a agité la communauté internationale en poussant le Conseil de sécurité de l'ONU à convoquer une réunion d'urgence et à alourdir ses sanctions contre Pyongyang. En effet, cette démarche sonne comme un revers pour la stratégie de non-prolifération nucléaire de la communauté internationale notamment pour la politique des Etats-Unis qui s'efforce de mettre en oeuvre avec l'Iran l'accord sur le programme nucléaire de Téhéran signé en juillet 2015. Les trois précédents essais nucléaires nord-coréens, en octobre 2006, mai 2009 et février 2013, ont à chaque fois conduit à un alourdissement de mesures punitives prises par l'ONU. Washington, par ailleurs, n'a pas complètement mis en œuvre la législation américaine (en matière de sanctions) et a visé moins d'organisations nord-coréennes que dans les cas (de sanctions) contre d'autres pays, jugent des experts. Mais il semble que la donne a changé. Le secrétaire d'Etat John Kerry a répondu que les Etats-Unis "n'acceptaient pas et n'accepteraient pas que la Corée du Nord ait l'arme nucléaire" et le Conseil de sécurité de l'ONU a riposté par la menace d'un renforcement des sanctions contre Pyongyang. Séoul est passée à la vitesse supérieure en annonçant l'entame d'une guerre de propagande. La Corée du Sud recommencerait à diffuser ses messages de propagande à plein volume à destination de la Corée du Nord, en riposte au quatrième essai nucléaire de Pyongyang. "Les diffusions vont commencer demain à midi (03H00 GMT)", a fait savoir un porte-parole de la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne. L'année dernière, ce type de propagande via des haut-parleurs avait ravivé les tensions entre le Nord et le Sud. Selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, le ministère de la Défense ne pense pas que, contrairement aux affirmations de Pyongyang, le test mené mercredi a été une réussite. En guise de protestation contre cet essai, la Corée du Sud limitera au strict minimum l'entrée au complexe industriel de Kaesong, exploité conjointement avec la Corée du Nord, a dit pour sa part un responsable du ministère de l'Unification. Bombes H à hydrogène, ce qu'il faut savoir Selon les experts, le type de bombe dont la Corée du Nord a affirmé avoir réussi mercredi le premier essai est bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire. Elles ont une puissance infiniment supérieure aux bombes A, comme celles larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Les bombes A libèrent une énergie déclenchée par la fission d'éléments comme l'uranium ou le plutonium. Celles à hydrogène - ou thermonucléaires - utilisent d'abord la technique de la fission, puis celle de la fusion nucléaire dans une réaction en chaîne. La bombe H, "bombe à hydrogène" ou encore "thermonucléaire", qui n'a à ce jour été utilisée en dehors de tirs d'essai, est basée sur le principe de la fusion nucléaire et libère une énergie supérieure aux températures et aux pressions en œuvre au coeur du soleil. Quand une bombe H éclate, des explosions chimique, nucléaire et thermonucléaire se succèdent en un laps de temps infinitésimal. Une première bombe à fission entraîne une très forte augmentation de la température qui déclenche la fusion. Selon Pyongyang, la bombe H testée était un engin "miniaturisé". En mai 2015, la Corée du Nord avait affirmé être capable de lancer des têtes atomiques miniaturisées à partir de fusées longue portée de haute précision. Mais la Maison Blanche a rétorqué ne pas croire que ce pays soit en mesure de miniaturiser l'arme atomique. Les experts affirment qu'au moins neuf pays détiennent aujourd'hui l'arme nucléaire dans le monde. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU sont considérés comme puissances nucléaires officielles: Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France. Tous possèdent la bombe H, selon les experts. Selon Hans Kristensen, analyste à la Federation of American Scientists (FAS), un groupe de réflexion, les arsenaux américain, britannique et français sont exclusivement composés aujourd'hui d'armes thermonucléaires. L'Inde (1974) et le Pakistan (1998) ont rejoint le club des puissances nucléaires, de même qu'Israël, qui ne l'a toutefois jamais reconnu, selon les experts. Les négociations entre la Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Russie, Chine, Japon) sur le programme nucléaire nord-coréen, sont au point mort depuis 2008. Il semblerait que ce quatrième essai sonne le glas des espoirs de le raviver.