Le gouvernement français a décidé, mardi en Conseil des ministres, la dissolution de trois associations cultuelles islamiques qui animaient une mosquée présentée comme "radicale" à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) et fermée en début de décembre. Cette mesure de dissolution d'associations liées à une mosquée, qui ne peut être prise qu'en Conseil des ministres, est considérée comme une première depuis les attentats du 13 novembre dernier et l'instauration de l'état d'urgence qui prendra fin le 26 février. "Il a été décidé de procéder à la dissolution de trois associations cultuelles en raison de propos tenus par leurs dirigeants au cours des dernières années appelant à la haine", a annoncé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à l'issue du Conseil des ministres, ajoutant qu'il n'y a "pas de place dans la République pour des structures qui provoquent, qui appellent au terrorisme ou appellent à la haine". Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a indiqué que la première association dissoute s'appelle "Retour aux sources", de laquelle découlent les deux autres, "Le retour aux sources musulmanes" et "l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne". Elles se livraient à "des actions qui étaient clairement des actions d'incitation au jihad", a-t-il affirmé. Lors de la fermeture de cette mosquée, le 2 décembre dernier, rappelle-t-on, Bernard Cazeneuve avait promis la "dissolution définitive", "dans les meilleurs délais", des trois associations "pseudo-cultuelles" à Lagny (région d'Ile de France). D'autres mosquées ou salles de prière ont été fermées en France, suite à des perquisitions, mais pour la durée de l'état d'urgence, sans que les associations cultuelles les gérant n'en soient dissoutes. Le président de "l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne", qui gérait la mosquée, Mohammed Ramdane, avait exprimé sa surprise de voir les locaux de l'association fermés, affirmant que rien "n'a été trouvé" lors des perquisitions. Selon les autorités, les perquisitions ont abouti à 22 interdictions de sortie du territoire et neuf assignations à résidence "d'individus radicalisés". Des fidèles musulmans de Lagny, dont deux avaient été gardés à vue, avaient dénoncé une "injustice" et un "coup médiatique" du gouvernement. La dissolution de ces associations intervient quatre jours après l'opération "Portes ouvertes dans les mosquées" autour d'un "thé de la fraternité" qui a été "un succès" selon le Conseil français du culte musulman (CFCM). Cette opération, qui a accueilli plusieurs milliers de visiteurs non musulmans, visait à faire "mieux connaître" la religion musulmane et répondre aux inquiétudes que certains des visiteurs peuvent avoir.