La question de la promotion des femmes aux postes de responsabilité et leur intégration dans les exécutifs des instances sportives a suscité mardi un large débat entre les participants au Forum africain "Femme et sport", lors de la deuxième et dernière journée de cette manifestation organisée à l'Ecole supérieure de l'hôtellerie et du tourisme à Ain Bénian (ouest d'Alger). Les mécanismes de généralisation du processus d'intégration féminine, les actions concrètes et l'encrage juridique en Algérie, "leader" dans ce registre en Afrique, comme souligné par les délégués, ont fait l'objet d'interrogations de la part des représentantes des comités olympiques nationaux africains. En ouverture de la journée, Z'hour Guidouche, directrice des Sports au Comité olympique et sportif algérien (COA) a commencé par évoquer l'expérience algérienne. "A partir de 2003, le COA a entamé un processus d'intégration de la gent féminine au sein de son assemblée générale (AG). Ainsi lors de chaque AG, deux femmes intègrent l'assemblée pour arriver à un pourcentage de 30% très prochainement. Une membre est désignée d'office au niveau de l'exécutif en plus de la présidente de la commission Femme et sport", a indiqué Guidouche. La représentante de la Namibie, Joan Smith, a demandé des explications sur la "montée en force" des femmes algériennes, omniprésentes à tous les niveaux, notamment en sport. "La nouvelle loi sur le sport en Algérie prévoit dans son article 162 une obligation de financement des activités physiques féminines et aussi l'encouragement de l'implication des femmes dans les bureaux fédéraux à travers des quotas", a précisé Guidouche. Mais quelques participants et à leur tête la présidente de la séance ont rejeté le "système de quotas" car cette mesure diminue, selon eux, du mérite des femmes. "Souvent la femme doit être plus performante pour prendre place au milieu des hommes. Je préfère cette configuration du concept de réussite dans ce défi. Les femmes doivent aller vers la formation et ne pas attendre +la charité+ des textes pour pouvoir s'imposer", a souligné Beatrice Allen membre du Comité international olympique (CIO) et présidente de la commission femmes et sport à l'Association des comités nationaux olympiques africains (ACNOA). "Nous devons être dix fois plus fortes que les hommes pour arracher nos droits et c'est valable pour tous les pays du monde. La fille est plus brillante que le garçon durant la scolarisation, pourquoi alors ne pas l'être au moment de se disputer un poste de responsabilité ?", a-t-elle lancé en direction de l'assistance. Le parton de l'ACNOA, Lassana Palenfo, a appelé, lui, les femmes à "oser" car elles ont des missions à accomplir aux côtés des hommes. "Il y a beaucoup de postes à prendre pas uniquement au sein des commissions femmes et sport mais aussi dans le marketing, la communication et le sport pour tous. Je suis reconnaissant envers les femmes qui ont été d'un apport non négligeable pour moi au niveau des structures du CIO", a dit Palenfo. --- La reconversion, ou le défi majeur des femmes sportives La reconversion des athlètes féminines dans les métiers du sport et l'insertion socio-professionnelle après la fin de leurs carrières sportives a été le dernier point traité lors de ce Forum. L'ancienne championne algérienne sur la distance du 1500m lors des JO-1992 à Barcelone, Hassiba Boulmerka a reconnu que ses résultats lui ont ouvert les portes pour une bonne reconversion. "Je me suis beaucoup inquiété sur mon après carrière. Devenir femme d'affaires comme je le suis n'a pas été une mince affaire pour moi et il m'a fallu naviguer dans des conditions pas du tout simples. C'est un autre combat que j'ai mené", se souvient Boulmerka. De son côté, l'ex-basketteuse internationale malienne, Kady Kanouté, a souligné que les athlètes doivent préparer leur reconversion durant la carrière, pas à la fin, car les choses deviennent très difficiles après. "Il faut absolument penser à l'après carrière. Après avoir raccroché, on ne va pas vous donner tout, seulement grâce à votre statut de championne, mais on vous demandera des détails sur votre formation", a indiqué Kanouté, chargée de la reconversion au CIO, annonçant la "création d'un réseau d'athlètes féminines sur Facebook, dans l'objectif de se conseiller les unes les autres et de s'échanger des informations sur les opportunités disponibles". La question de la reconversion est plus importante pour les athlètes qui n'ont pas réussi à gagner des médailles ou des titres, ce qui n'a pas échappé aux participants à ce Forum, qui ont assuré que durant les deux jours du "conclave", les femmes présentes ont eu des informations qui les aideront à "améliorer les choses". Des délégués de 40 Comités olympiques africains ont participé lundi et mardi à ce Forum pour traiter des questions relatives à la promotion du sport féminin, à l'initiative du COA et de l'ACNOA.