Le groupe Sonatrach a subi un préjudice "matériel et moral" dans l'affaire dite Sonatrach 1, a estimé mardi l'avocat représentant Sonatrach en tant que partie civile, Me Djamel Benrabah, lors de sa plaidoirie devant le tribunal criminel d'Alger. Pour l'avocat, il est anormal que cette affaire, dans laquelle le groupe Sonatrach est victime, porte le nom Sonatrach 1. Répondant aux avocats des accusés, Me Benrabah estime qu'il ne s'agit pas, dans cette affaire, d'actes de gestion mais de blanchiment d'argent et de corruption, entre autres, et qui sont des infractions relevant du droit commun et Sonatrach peut se constituer partie civile, ce qui est fait depuis mars 2010. "Il y a eu des faits délictuels", insiste l'avocat, en se référant aux divers marchés contractés par Sonatrach avec des entreprises dans lesquelles les enfants de l'ex-PDG étaient actionnaires notamment le projet de télésurveillance dévolu à Contel-Frankwerk. En outre, le règlement de passation de marché au niveau de Sonatrach n'est pas respecté, selon l'avocat, rappelant que les gestionnaires évoquaient le caractère d'urgence. Dans le cas de GK3, il a fallu annuler le marché dès lors qu'il n'y avait que deux soumissionnaires et ce conformément au règlement de Sonatrach et que ses responsables n'auraient jamais dû signer le contrat avec une société étrangère (SAIPEM) "dans laquelle le fils de l'ex-PDG est consultant". A propos de la rénovation du siège de Sonatrach, l'avocat a souligné qu'il n'y avait pas de raison d'agir en urgence et de signer un contrat de gré à gré avec le bureau d'étude CAD à 45 millions de dinars. Me Abdelmadjid Selini, autre avocat de Sonatrach, a souligné que nul n'a le droit de dilapider l'argent de Sonatrach, ajoutant que la renommée de la société et celle du pays ont été "entachées" à travers cette affaire. L'avocat considère que de nombreux contrats ont été accordés en violation de la loi et moyennant des pots-de-vin au préjudice de Sonatrach, en désignant directement l'ex-PDG de la société qui aurait favorisé les associés de ses enfants dans le contrat de télésurveillance. Le contrat GK 3 a aussi lésé les intérêts de l'Algérie, souligne l'avocat, avançant que le montant de 586 millions de dollars attribué à SAIPEM pour l'exécution du lot 3 est "excessif". Sonatrach demandera des indemnisations pour tous ces préjudices, y compris auprès des sociétés étrangères suite à des expertises, a ajouté l'avocat qui demande que des peines équitables soient infligées aux coupables. Le réquisitoire du procureur général est prévu mercredi.