Suite à la vague de protestations qui a secoué la Tunisie depuis plusieurs jours, le président tunisien Béji Caid Essebsi a déclaré, vendredi, dans une allocution télévisée, que "la Tunisie est visée dans sa sécurité et sa stabilité, mais pas dans son entité". Le président tunisien a reconnu vendredi soir que la contestation contre le chômage et l'exclusion sociale qui agite son pays était "naturelle", tout en accusant des "mains malveillantes" de chercher à récupérer la situation. "Des parties malintentionnées et connues" ont utilisé les protestations légitimes dans certaines régions pour semer la discorde, a-t-il dit, précisant que leur appartenance politique est connue, qu'il s'agisse de partis autorisés ou non. Il a, également, averti contre l'infiltration de terroristes dans ces mouvements, ajoutant que des malfaiteurs et des cambrioleurs ont exploité ces protestations pour perpétrer des actes de violence et vandaliser des biens publics et privés, ce qui a conduit à décréter le couvre-feu, rappelant que l'état d'urgence est en vigueur et appliqué dans la flexibilité mais avec sérieux. Caid Essebsi a, sévèrement, critiqué certains excès médiatiques dans la couverture des évènements qui ne prennent pas en compte la situation prévalant dans le pays. Il a qualifié de légitimes les protestations menées par des jeunes qui endurent le chômage et la marginalisation depuis une longue période alors que la Révolution a pour slogan la liberté et la dignité. Le gouvernement actuel qui a pris ses fonctions, depuis presque un an, a hérité une situation économique difficile, un chômage élevé qui touche environ 700 mille jeunes dont 300 mille diplômés du supérieur, a-t-il rappelé, demandant au gouvernement de présenter des programmes visant à réduire rapidement le chômage dans les régions défavorisées. Caid Essebsi a affirmé que la lutte contre le chômage fait partie des priorités du gouvernement, se déclarant confiant que le gouvernement trouvera les financements nécessaires pour remédier cette situation et satisfaire les revendications des chômeurs. Le chef de l'Etat a tenu à rassurer le peuple tunisien de l'existence d'institutions qui veillent à la sécurité des citoyens et de leurs biens, saluant les efforts des forces de la sûreté et de l'armée nationale dans l'instauration de la stabilité et la préservation des biens. Sans précédent depuis la révolution de 2011 par son ampleur et sa durée, ce mouvement est parti de la région de Kasserine (centre), l'une des plus pauvres de Tunisie, à la suite du décès samedi d'un jeune chômeur. Il s'est étendu à plusieurs villes et a été marqué par des violences dans le Grand Tunis. Les tensions sociales ont débuté samedi à Kasserine, ville de 80.000 habitants, lorsqu'un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, est mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.