Plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi à Rennes contre l'état d'urgence, qui doit arriver à échéance le 26 février prochain, au moment où le gouvernement français compte le prolonger pour une durée de trois mois. A l'appel d'organisations de gauche et d'extrême gauche, les manifestants, regroupés derrière une banderole proclamant "Pour en finir avec l'état d'urgence", ont scandé "état d'urgence, état policier, on nous empêchera pas de manifester", tandis qu'un hélicoptère les survolait. Des mouvements de gauche et d'extrême gauche, dont le Parti communiste français (PCF), Lutte ouvrière, le Parti de gauche, le Nouveau parti anticapitaliste ainsi que la Fédération anarchiste, le syndicat FO et le Mouvement pour la paix, avaient appelé à ce rassemblement contre l'état d'urgence instauré après les attentats du 13 novembre dernier qui ont fait 130 morts. Un communiqué de l'Elysée a annoncé vendredi qu'un projet de loi pour le prolonger de trois mois après le 26 février sera présenté le 3 février en Conseil des ministres, à l'issue des entretiens menés par le président François Hollande avec les responsables de partis représentés au parlement pour évoquer la question de la révision constitutionnelle. La secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, dernière des chefs de partis à être reçus par Hollande, a protesté : "Nous nous opposons à la prolongation de l'état d'urgence". Dans sa livraison de samedi, le quotidien Libération a réagi, dans son commentaire, avec de vives critiques à l'égard du Premier ministre, Manuel Valls, pour avoir manqué "de clarté et de cohérence". "Le Premier ministre ferait preuve de +hauteur+ et de +constance+ s'il expliquait que l'exécutif compte en réalité maintenir l'état d'urgence jusqu'à ce que son nouveau projet de loi antiterroriste puisse entrer en vigueur", a écrit le journal, alors que le quotidien l'Union, a estimé que "tout indique que l'état d'urgence ne se justifie plus dans la traque des terroristes". Ouest-France voit dans le prolongement ou non de l'état d'urgence "une nouvelle source de division des Français", estimant que sa prolongation "n'est donc plus nécessaire". Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, voit les choses autrement en se disant "favorable" à la prolongation de l'état d'urgence, notant que la menace d'attentats restait permanente. "L'état d'urgence dans cette période est utile parce qu'il contribue à notre sécurité. Moi je serais plutôt favorable (à la prolongation, ndlr) en attendant la réforme constitutionnelle qui permettra au concept d'état d'urgence de trouver une forme différente", a-t-il dit sur la chaîne France24. Depuis son entrée en vigueur, l'état d'urgence a permis de procéder à près de 400 assignations à résidence et 3.000 perquisitions. Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "en deux mois, plus de 3.000 perquisitions ont été conduites qui ont permis la saisie de plus de 500 armes, dont 50 armes de guerre", ajoutant que les forces de l'ordre ont "procédé à près de 400 interpellations et à 400 assignations à résidence". Vendredi, le Conseil d'Etat a suspendu, pour la première fois depuis l'instauration de ce dispositif, une assignation à résidence, condamnant l'Etat à verser 1.500 euros à un homme qui avait "abusivement" été assigné à résidence le 15 décembre à Vitry-sur-Seine. Le 6 janvier, le Conseil d'Etat avait également suspendu la fermeture d'un snack halal à Cannes.