Les espoirs d'une sortie de crise en Libye sont suspendus à l'approbation du gouvernement d'union nationale formé il y a une semaine. Le nouveau gouvernement, dont la composante a été annoncée le 19 janvier, après un long processus, a pour mission de rassembler les factions rivales du pays dans le cadre d'un plan soutenu par les Nations unies, en ce moment crucial pour sortir de la crise politique et sécuritaire qui le secoue, en plus d'une grave crise économique. Le Parlement libyen basé à Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, n'a pas réussi lors de sa séance convoquée dans la journée à accorder sa confiance à ce gouvernement composé de 32 ministres représentant les différentes régions du pays, en l'absence de quorum. "Des 104 députés présents aujourd'hui, 89 ont dit non", a indiqué l'un d'eux, Ali al-Gaydi, à l'issue de la séance convoquée pour l'approbation du gouvernement d'union, dont la composition a été annoncée depuis Tunis par le conseil présidentiel désigné aux terme de l'accord politique libyen du 17 décembre dernier. Les députés ont "rejeté ce gouvernement à cause du nombre des ministres" jugé trop élevé, a précisé un autre député el-Salhine Abdelnabi. Un revirement du Parlement est envisageable puisqu'il a "accordé 10 jours pour que soit formé un nouveau gouvernement avec moins de ministres", selon Fathi Abdelkarim, un responsable présent à Tobrouk. Le gouvernement d'union dirigé par l'homme d'affaires tripolitain Fayez el Serraj, doit avant d'entrer en fonction être approuvée par une majorité des deux tiers au sein du Parlement reconnu, qui a échoué à deux reprises à tenir une séance en l'absence de quorum. S'il devient opérationnel, ce sera une étape importante pour la stabilisation du pays, qui pourrait efficacement faire reculer le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech), qui jusqu'à présent prospère en raison du vide institutionnel et politique dans le pays. La communauté internationale compte sur ce gouvernement La communauté internationale compte sur ce gouvernement pour lutter plus efficacement contre la menace grandissante du groupe Daech, implanté dans le nord du pays, et l'afflux de migrants en Europe via la Libye. L'EI a profité du vide institutionnel en Libye pour prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ses environs. Le groupe a récemment lancé une attaque vers la zone du "Croissant pétrolier" où sont situés les principaux terminaux pétroliers. Cette situation préoccupe particulièrement les pays du sud de l'Europe, dont l'Italie, et les voisins de la Libye, comme l'Egypte et la Tunisie. Le gouvernement d'union attend d'être installé à Tripoli Des divergences sont apparues au sein des deux gouvernements rivaux sur l'appui à l'accord politique, conclu après des mois de complexes négociations menées par l'ONU. En décembre, des membres du parlement de Tobrouk et du Congrès général national (CGN, ex-Parlement) basé à Tripoli, et de la société civile avaient signé l'accord politique qui a confié au conseil présidentiel, de neuf membres, la mission de désigner dans un délai d'un mois un gouvernement d'union que le Conseil de sécurité de l'ONU devra appuyer par l'adoption d'une résolution. Le gouvernement désigné a ensuite entamé ses fonctions de façon provisoire depuis la capitale tunisienne, en attendant de régler les questions sécuritaires pour s'installer ensuite à Tripoli. L'accord politique, qui n'a pas été ratifié par les deux chambres, prévoit notamment la formation d'un gouvernement d'union basé à Tripoli et d'un conseil présidentiel d'une transition de deux ans qui devrait s'achever par la tenue des élections. "La grande difficulté sera de faire accepter l'accord", a prévenu avant le vote de lundi le parlementaire Fahmi Touati. Sans se prononcer sur l'ensemble de l'accord, les députés ont voté lundi en faveur de la suppression d'un article qui stipulait que tous les postes éminents des institutions militaires et sécuritaires soient approuvés par le gouvernement d'union. "Il y aura une séance mardi pour voter sur l'accord" à la condition que la mission de l'ONU pour la Libye, qui a travaillé pendant plus d'un an pour finaliser l'accord, accepte l'annulation de cet article, a indiqué M. al-Gaydi. L'accord est également contesté au sein du Congrès général national (CGN, ex-parlement), qui contrôle Tripoli et des régions de l'ouest, avec le soutien de milices dont certaines islamistes. Solides espoirs pour le recouvrement de la stabilité en Libye La formation du gouvernement d'entente nationale en Libye constitue une étape importante dans les efforts visant à mettre fin aux divisions politiques et au conflit armé qui déchirent le pays depuis plus de quatre ans, s'était félicité le Représentant des Nations Unies pour la Libye, Martin Kobler, jugeant toutefois qu'il reste encore un dur travail à accomplir. A l'instar des nombreux pays soucieux de voir la crise libyenne toucher à sa fin, l'Algérie, qui a toujours plaidé pour une solution politique et la constitution d'un gouvernement de large union nationale en Libye, a salué la formation de ce gouvernement, estimant que "cette avancée significative est de nature à préserver l'unité nationale, à consolider le processus de réconciliation nationale et à favoriser les efforts visant à un règlement politique global qui répond aux aspirations à la paix, à la sécurité et à la prospérité du peuple libyen frère et voisin".