L'écrivain Mouloud Mammeri a subi au lendemain de la parution de ‘‘la colline Oubliée'‘ énormément d'hostilité voire ‘‘une véritable damnation‘‘, orchestrée par une partie de l'intelligentsia nationale d'alors, en mettant en doute son engagement nationaliste et patriotique, a indiqué, vendredi à Bejaia, Dr. Fatma Malika Boukhelou, du département de langue de l'université de Tizi-Ouzou. ‘‘Il a subi une véritable damnation‘‘, a-t-elle affirmée, indiquant au passage que ses détracteurs n'ont pas mis en question la qualité ou l'esthétique de son œuvre, mais s'y sont attelé plutôt a le dénigrer en lui reprochant ‘‘d'avoir écrit en Français‘‘ et par raccourci de faire ainsi ‘‘l'apologie du colonialisme‘‘, s'est-t-elle insurgée, à l'occasion, d'une conférence débat, animée à la maison de la culture sous le thème ‘‘Mammeri :œuvre et parcours d'un intellectuel atypique‘‘. La conférencière, enseignante de son état au département de littérature à l'université de Tizi-Ouzou, à l'évidence, a rejeté d'un revers de main ‘‘les accusations portées contre lui, estimant que la réponse est apportée par ‘‘son parcours, son œuvre et son engagement‘‘. Boukhelou, prendra soin, a ce titre, d'évoquer ses correspondances à l'ONU, et quelques-unes de ses œuvres, notamment ‘‘le sommeil du juste‘‘, ‘‘le foehn ou la preuve par 09‘‘, dans lesquels il a dénoncé sans l'ombre d'équivoque le colonialisme, ses méfaits et les affres du peuple. ‘‘Ce sont ses écrits qui l'ont poussé à fuir au Maroc, car menacé de mort‘‘, a-t-elle affirmé, soulignant que tout son engagement, au-delà du combat libérateur, a reposé sur des exigences de liberté, d'humanisme, d'émancipation et d'universalité et au sein desquelles, la promotion du berbère et de l'identité éponyme, occupait une place centrale. ‘‘En tant qu'ethnographe, il avait le souci de donner une graphie à la langue berbère pour la faire passer de l'oralité à l'écriture‘‘ a-t-elle souligné, notant que l'intellectuel qu'il était avait les ressources nécessaires, notamment son érudition, sa maîtrise de plusieurs langues et le fait d'avoir évolué, tout enfant, dans un milieu lettré et intellectuel. ‘‘Il était en avance sur son temps‘‘, a-t-elle conclu.