A travers son roman, L'opium et le bâton, publié en 1965 et qui relate les événements de la guerre d'Algérie, Mouloud Mammeri voulait montrer la participation, plénière, de son peuple à l'épreuve de la libération, a indiqué l'universitaire Malika Boukhellou du département de Français de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. «Le souci du témoignage est renforcé par les stratégies mises à contribution pour décrire le conflit tant du côté algérien que du côté français, mais aussi du troisième côté qui constitue l'entre-deux, celui des harkis », a-t-elle fait observer. Elle s'exprimait lors d'une journée d'étude en hommage à Mouloud Mammeri organisée par La direction de la culture de Tizi 0uzou, le Théâtre régional Kateb Yacine, la Maison de la culture Mouloud Mammeri et son Annexe d'Azazga, l'Ecole régionale des Beaux-Arts, le Comité des activités aulturelles et artistiques de la wilaya, en partenariat avec le Laboratoire de recherche « Langues et Cultures Etrangères » de l'université Mouloud Mammeri. Dans sa communication intitulée «Tala Ouzrou, la source du chant premier ou le cri de l'atavique révolte », la conférencière a estimé que l'œuvre de Mammeri retrace, à travers l'épopée de Tala Ouzrou, un village de montagne en Kabylie, l'engagement de tout le peuple algérien pour la libération du pays du joug du colonialisme. Pour cette universitaire, cette œuvre « reflète mieux que nulle autre le sens de la mesure » dans la volonté de témoignage, en corrélation, a-t-elle fait observer, avec la volonté de comprendre et d'informer, mais aussi d'ériger des traces que l'écrivain donne aux morts en vue de laisser place aux vivants. « L'opium et le bâton défend le droit d'un peuple de vivre dans la dignité, de disposer de son propre destin, et, la pleine reconnaissance de son identité », a relevé encore l'universitaire, Malika Boukhellou. Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoun à Aït Yenni, au Sud-est de Tizi Ouzou, en haute Kabylie. Pendant la guerre de Libération nationale, Mouloud Mammeri a mis sa plume au service de la cause algérienne et rédige des lettres à l'ONU à travers lesquelles l'écrivain met en exergue notamment la détermination du peuple algérien à s'affranchir du joug colonial. « Les neuf millions d'Algériens sont inégalement engagés dans la lutte ; ils peuvent déplorer la rigueur des moyens auxquels un régime inhumain accule les combattants de la libération, ils n'en approuvent pas moins l'idéal et les buts de la résistance. Il faut en prendre son pari : la résistance algérienne, la volonté de libération unanime, le front vraiment national ». Les quatre romans de Mouloud Mammeri, « La Colline Oubliée » (1952), « le Sommeil du Juste » (1955), « l'Opium et le Bâton » (1965) et, « La Traversée » (1982), correspondent, lit-on à travers la biographie de l'écrivain, aux quatre étapes capitales de l'histoire de l'Algérie, entre lesquelles viennent s'insérer les récits second-nouvelles et pièces de théâtre : Ameur des arcades (1953), Le Zèbre (1957), La Meute (1976), Le Banquet précédé de la Mort absurde des Aztèques (1973), Ténéré atavique (1981), Le foehn (pièce jouée en 1967), L'Hibiscus (1985), Escales (1987), La Cité du soleil, sortie en trois tableaux (1987).