Plus de 4 millions de béninois se dirigeront dimanche aux urnes pour élire leur nouveau président devant succéder au sortant Thomas Boni Yayi qui ne se représente pas après deux mandats consécutifs, conformément à la constitution. Cinq candidats qui font figure de favoris parmi les 33 en lice, s'affronteront lors du premier tour du scrutin présidentiel. Le président élu devra faire face aux principaux défis qui interpelle le pays notamment le chômage et la corruption. Pour succéder au président sortant,Thomas Boni Yayi, se profilent cinq favoris : le Premier ministre sortant Lionel Zinsou, deux des plus gros hommes d'affaires locaux, Patrice Talon et Sébastien Ajavon, et deux banquiers internationaux, Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irénée Koupaki. Les premiers résultats sont attendus dans les 72 heures suivant le scrutin. Derniers meetings des candidats A Cotonou, la capitale économique du Bénin, toutes les grandes artères ont été recouvertes d'affiches à l'effigie des cinq favoris à la présidentielle, qui donnent vendredi leurs derniers meetings avant la fin officielle de la campagne, à minuit, selon les médias. Des posters géants montrent le Premier ministre Lionel Zinsou dans des scènes de liesse, avec pour slogan "le Bénin gagnant". Cette élection promet d'être "la plus étonnante possible", puisqu'elle "défie toute logique politique et toutes les habitudes électorales depuis 1990", date de l'avènement du multipartisme, estime le juriste et analyste politique béninois Simon Asoba. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) va déployer 136 observateurs afin de suivre le déroulement de la présidentielle. Initialement prévu le 28 février, le premier tour de la présidentielle avait été reporté au 6 mars à cause de retards dans la production et la distribution des cartes des 4,7 millions d'électeurs de ce petit pays d'Afrique de l'ouest. Contrainte économique, principal défi du nouveau président Un vaste programme est attendu au Bénin où les "grands électeurs", ces responsables locaux, chefs traditionnels et autorités religieuses qui servent de relais d'opinion, doivent choisir un nouveau chef d'état. Le Bénin et ses 10,6 millions d'habitants est classé par la Banque mondiale (BM) dans la catégorie des pays à faible revenu, avec des indicateurs bas sur la santé et l'éducation. Le Premier ministre sortant Lionel Zinsou a promis de créer 350.000 emplois en cinq ans, et l'économiste Adboulaye Bio Tchané - ABT pour ses partisans - en propose 500.000 sur la même période alors que "beaucoup" de diplômés sont sans emplois. Les 15-34 ans représentent 60% de la population active au Bénin. Le taux de chômage de cette tranche d'âge est de moins de 4% selon les données officielles, mais ce chiffre est "déconnecté" de la réalité dans ce pays où le secteur informel représente 85% de l'économie. L'agriculture occupe près de 60% de la population active du pays. Elle se concentre sur les cultures vivrières (manioc, haricot, igname, sorgho, maïs, mil, riz) notamment du coton, qui constitue une importante source de devises et fait vivre plus de 2 millions de personnes. En 2014, le RNB (Revenu national brut) par habitant s'élevait à 890 dollars, selon la Banque mondiale. Le Bénin, qui s'étire du nord au sud sur 700 km pour 200 km de large avec une étroite façade sur l'océan Atlantique, a une population de 17% de vaudouisants, 27% de catholiques et 24% de musulmans, d'après le dernier recensement, qui date de 2002. Altérnances politiques Le Bénin, ancienne colonie française, a connu dès 1963, un premier coup d'Etat dirigé par le colonel Christophe Soglo renverseant le premier président du Dahomey Hubert Maga. En 1972, après une période d'instabilité politique marquée par une succession de coups d'état, le chef d'état-major adjoint, le commandant Mathieu Kérékou, prend les rênes du pouvoir à la faveur d'un putsch, le 5e depuis l'indépendance. En 1990, le Bénin est l'un des pays africains à instaurer la démocratie, en adoptant une loi constitutionnelle, instituant une période de transition avec un Premier ministre et un Haut Conseil de la République comme Parlement de transition et prive le président de l'essentiel de ses pouvoirs. En mars 1991, quelques mois après l'instauration du multipartisme, le Premier ministre de la transition Nicéphore Soglo remporte la première présidentielle démocratique. En 1996, Kérékou revient au pouvoir par les urnes, avant d'être réélu en 2001 lors d'un scrutin sans enjeu après la défection de ses opposants. En mars 2006, Thomas Boni Yayi est élu au second tour de la présidentielle. En 2011, il remporte l'élection dès le premier tour face à son principal adversaire, Adrien Houngbedji. Le 9 juin 2015, Boni Yayi promet qu'il ne se présentera pas à un 3e mandat, alors que l'opposition l'a plusieurs fois accusé de vouloir modifier la Constitution en ce sens. Le 26 novembre, Lionel Zinsou, nommé Premier ministre en juin, est désigné candidat du parti au pouvoir, les Forces Cauris pour un Bénin émergeant (FCBE) à la présidentielle.