La Commission européenne a présenté vendredi une feuille de route visant à rendre le système Schengen de libre circulation à nouveau "pleinement opérationnel" au plus tard d'ici à la fin de l'année, avertissant des coûts économiques "colossaux" qu'occasionnerait une réintroduction totale des contrôles aux frontières. "L'espace Schengen est l'une des réussites les plus appréciées de l'intégration européenne, et le prix de sa désintégration serait considérable. Nous visons clairement à obtenir le plus rapidement possible la levée de tous les contrôles aux frontières intérieures, au plus tard en décembre 2016", a déclaré le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, cité dans un communiqué. Exposant les mesures concrètes qui doivent être prises pour rétablir de l'ordre dans la gestion des frontières extérieures et intérieures de l'Union, la Commission a plaidé pour la sécurisation des frontières extérieures de l'UE par des contrôles efficaces, la nécessité d'apporter une aide immédiate à la Grèce, de rompre avec la politique du laissez-passer et d'adopter une approche cohérente concernant le contrôle aux frontières intérieures. Reconnaissant que l'afflux de migrants est tel qu'il ferait peser une pression considérable sur le contrôle aux frontières extérieures de n'importe quel Etat membre, la Commission a souligné l'urgence de remédier aux manquements dont pâtit actuellement la gestion de la frontière extérieure en Grèce, soumise à une immense pression. L'exécutif de l'UE n'a pas écarté la possibilité de déployer de nouvelles équipes européennes de garde-frontières et lancer, au plus tard le 22 mars, de nouveaux appels à contributions à cet effet, appelant les Etats membres à prendre leurs responsabilités et répondre à ces appels au plus tard dans les dix jours, en fournissant ressources humaines et équipements techniques. Rappelant aux Etats membres de l'Union leurs obligations d'accorder l'accès aux procédures d'asile à chaque personne ayant présenté sa demande à leurs frontières, la Commission a évoqué la possibilité de reprendre les transferts vers la Grèce prévus par le règlement de Dublin. La réintroduction temporaire des contrôles aux frontières intérieures "devrait rester exceptionnelle et proportionnée" au regard de l'objectif d'un retour à la normale le plus rapide possible, a préconisé la Commission. Depuis septembre 2015, huit pays ont rétabli des contrôles à leurs frontières intérieures pour des raisons liées à la crise des réfugiés. Jusqu'à présent, ils ont agi par voie de décisions unilatérales, adoptées dans le cadre du code frontières Schengen (articles 23 à 25). Il s'agit de la Belgique, Danemark, Allemagne, Hongrie, Autriche, Slovénie, Suède ainsi que la Norvège. L'exécutif de l'Union a insisté, par ailleurs, sur le coût économique du démantèlement de Schengen, précisant que la réintroduction totale des contrôles aux frontières au sein de l'espace Schengen occasionnerait des coûts directs immédiats de 5 à 18 milliards d'euros par an, soit de 0,05 % à 0,13 % du PIB.