L'Union européenne (UE) et la Turquie se sont mises d'accord, dimanche dernier, sur un fonds de trois milliards d'euros pour aider Ankara à accueillir sur son sol des réfugiés syriens. Selon le président du Conseil européen, Donald Tusk, et le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, les deux parties ont également décidé d'activer un « plan d'action commun » pour endiguer l'afflux des réfugiés et de « redynamiser » les négociations en vue d'une adhésion de la Turquie à l'UE. Concernant la libéralisation du régime des visas imposés aux Turcs par l'UE, cette mesure pourrait intervenir dès juillet 2016, pour peu qu'Ankara respecte les critères soulignés dans la feuille de route approuvée. La Turquie, qui accueille près de 2,2 millions de réfugiés syriens et 300.000 autres irakiens, est considérée comme la principale voie de transit pour ces réfugiés mais également pour un grand nombre de personnes venant d'Afghanistan ou du Pakistan, perçus comme des migrants économiques. « Ne soyons pas naïfs, la Turquie n'est pas la seule clef pour résoudre la crise migratoire (...) Sans le contrôle de nos frontières extérieures, Schengen appartiendra à l'histoire ancienne », a affirmé le président du Conseil européen précisant, toutefois, qu'environ 1,5 million de personnes sont entrées illégalement dans l'UE en 2015, la plupart ont transité par la Turquie. Le Premier ministre turc, qui a salué « une journée historique », a annoncé que les dirigeants de l'UE s'étaient également accordés sur le principe de l'organisation de deux sommets Union-Turquie chaque année. « L'adhésion à l'UE est pour nous un objectif stratégique. Nous nous attendons à un élan majeur dans nos rapports. Je pense que 2016 sera une année charnière dans (nos) relations », a-t-il lancé. Le président français, François Hollande, présent à ce sommet, a estimé qu'il n'y avait « pas de raison » d'« accélérer » ou de « ralentir » le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, dans l'impasse depuis 2013. « Cette question n'a pas changé » et « les conditions n'ont pas été modifiées », a-t-il déclaré devant la presse. « Dès lors que la Turquie fait un effort pour accueillir des réfugiés, ceux-là mêmes qui ne viendront pas en Europe, il est légitime que la Turquie reçoive une aide de l'Europe », a-t-il conclu.