La France vit une effervescence sociale aigüe avec des milliers de salariés et étudiants qui manifestent jeudi à travers le pays pour réclamer le retrait de la loi travail, jugée "trop libérale", des perturbations des transports due à une grève et des blocages de lycées et universités. Sans doute encouragés par le retrait mercredi du projet de réforme de la Constitution, initié par le président François Hollande, au lendemain des attentats terroristes du 13 novembre dernier, les manifestants ne veulent pas qu'on touche à leur code du travail, disant "on vaut mieux que ça", un code qu'ils considèrent "un grand bond en avant vers le 19e siècle" ou encore "1916 : chair à canon, 2016 : chair à patrons", selon les slogans et banderoles portés dans les marches. Selon les organisateurs de cette protestation sociale, quelque 200 défilés, manifestations et rassemblements sont prévus partout en France, avec des grèves à la Tour Eiffel, chez EDF, Air France, dans le contrôle aérien, la fonction publique, le commerce, la presse, les casinos. La presse, hormis les magazines, était absente jeudi chez les buralistes et les transports publics, avec un cheminot sur quatre qui faisait grève à la SNCF, étaient perturbés, avec un train sur deux en province, en Ile-de-France sur les lignes du RER, mais aussi trois rames sur quatre dans le métro parisien. On signale des bouchons importants en région parisienne, au Havre et à Rouen où des centaines d'ouvriers portuaires et dockers du syndicat CGT organisaient des points de blocage. Malgré ce malaise social, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a continué jeudi sur BFMTV/RMC à défendre sa loi, "nécessaire et juste", qui est d'ailleurs soutenue par le patronat. Pour leur part, les 7 syndicats organisateurs de cette protestation, hormis la CFDT et la CFE-CGC, estiment que cette "ne permettra pas les créations nécessaires d'emplois, généralisera la précarité et aggravera les inégalités professionnelles notamment envers les femmes et les jeunes". Des militants de la CFDT et de la CFE-CGC participent à cette protestation, aux côtés des députés écologistes, dont l'ancienne ministre Cécile Duflot et Noël Mamère. Par ailleurs, un millier de lycéens se sont dirigés jeudi matin dans le calme de la place de la Nation à la place d'Italie pour rejoindre le rassemblement. Des informations font état que des heurts entre groupes de lycéens et forces de l'ordre, avec des jets de projectiles et l'usage de gaz lacrymogène, ont éclaté à Rennes et Nantes. Il y a lieu de rappeler que la précédente mobilisation similaire, le 9 mars dernier, a drainé plus de 200.000 personnes en France (450.000 selon les organisateurs). La réforme du code du travail est le texte le plus décrié, mais s'il a été plusieurs fois remodelé, mais le gouvernement de Manuel Valls maintient sa position et il n'est pas question pour lui de retirer ce projet, le qualifiant d'"audacieux" et de "nécessaire". Le gouvernement a inscrit cette réforme dans le cadre de son objectif d'inverser la courbe du chômage, qui ne semble guère connaître une amélioration, mais les opposants à ce projet, même dans les rangs de la majorité, le juge "trop favorable au patronat et insuffisamment protecteur pour le salarié".