L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), une ONG française, a demandé au ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault, d'intervenir auprès du Maroc pour libérer les prisonniers politiques sahraouis. Dans une lettre adressée au ministre, dont l'APS a reçu une copie, l'ACAT a estimé que la France, en tant que membre de l'Union européenne (UE), est "tenue de mettre en œuvre ses lignes directrices concernant la torture et les défenseurs des droits de l'homme dans ses relations avec les pays tiers". Elle lui demande, à cet effet, d'appeler les autorités marocaines à libérer "immédiatement" Naâma Asfari, militant sahraoui des droits de l'homme, et ses coaccusés afin qu'ils soient rejugés devant une juridiction civile "si les poursuites à leur encontre n'ont pas été motivées uniquement par leurs opinions politiques et leur militantisme en faveur des droits de l'homme". L'ACAT, créée en 1974 et forte d'un réseau de 39.000 membres actifs, demande également au MAE français de "diligenter une enquête sur leurs allégations de torture et de mauvais traitements". "A l'exemple du ministre des Affaires étrangères espagnol et du Barreau de Paris, je vous demande de faire part aux autorités marocaines de votre réprobation face à l'arrestation et l'expulsion des sept juristes et de leur accompagnatrice", est-il écrit dans la lettre, dont une copie a été adressée à l'ambassadeur de France à Rabat. Une délégation internationale, constituée de juristes français, belges et espagnols, s'est rendu mercredi au Maroc pour rencontrer les avocats marocains et sahraouis qui assurent la défense de civils sahraouis, prisonniers politiques, condamnés à perpétuité par un tribunal militaire pour avoir manifesté, à Gdeim Izik, contre l'occupation du Sahara occidental par le Maroc. La mission avait prévu également différentes rencontres avec les délégations diplomatiques de plusieurs pays ainsi qu'une conférence de presse à Rabat dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme, qui a subi des pressions en vue d'empêcher cette rencontre. Le collectif, qui a été expulsé manu militari le lendemain du Maroc, revendique la libération "immédiate" des détenus de Gdeim Izik, l'examen "sans délai" de leur pourvoi en cassation et une enquête sur leurs "allégations de torture et de mauvais traitements". Le barreau de Paris a condamné "fermement" cette expulsion par les autorités marocaines. Se disant "profondément choqué" par cette expulsion, le barreau de Paris a condamné "fermement l'utilisation de telles pratiques par les autorités marocaines", apportant son "entier soutien" aux membres de la délégation pour "leur travail de défense des droits humains". Dans ce contexte, le maire d'Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, avait également demandé, dans une lettre, au MAE français de se préoccuper de la situation des détenus politiques sahraouis et d'intervenir auprès des autorités marocaines "en faveur de ces défenseurs des droits de l'homme, injustement condamnés et incarcérés, afin de demander leur libération". L'ACAT-France, signale-t-on, est membre de la Fédération internationale de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (FIACAT) ayant statut consultatif auprès des Nations unies et statut d'observateur auprès de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples.