Une délégation envoyée par le collectif international de juristes, en soutien aux prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik, a été arrêtée mercredi à Rabat, a-t-on appris jeudi auprès de l'Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). ‘‘Mercredi, à 18 heures (heure locale), Me Ingrid Metton, avocate française, Eric David, professeur de droit international belge, Jesus Maria Martin Morillo, magistrat espagnol ainsi que Me Maria Nieves Cubas Armas, Me Juan Carlos Gomez Justo et Me Altamira Guelbenzu Gonzalo, trois avocats espagnols, ont été arrêtés par la police marocaine à leur hôtel'‘, a précisé à l'APS Régine Villemont, présidente de l'Association. Les juristes, rappelle-t-on, effectuaient une mission au Maroc afin d'apporter leur soutien aux prisonniers sahraouis de Gdeim Izik, détenus à la prison de Rabat-Salé, qui ont observé une grève de la faim pendant 36 jours pour protester contre la torture et la détention arbitraire dont ils font l'objet. L'arrestation de la délégation, qui a été relâchée tard dans la soirée, intervient la veille de la conférence de presse que devaient organisée ses membres pour dénoncer l'injustice subie par les détenus sahraouis. Selon la même source, les ambassadeurs d'Espagne, de Belgique et de France au Maroc se sont déplacés à l'hôtel en fin de soirée pour s'enquérir de la situation des membres de la délégation. La conférence de presse prévue jeudi à Rabat n'aura pas lieu parce que les autorités marocaines ont déjà procédé à l'expulsion des juristes, selon les dernières informations. ‘‘Nous venons d'apprendre que leur expulsion est en cours'‘, a déclaré Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb/Moyen-Orient à l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), relevant que ‘‘les atteintes à la liberté d'expression sont de plus en plus massives au Maroc'‘. Face à cette situation, le collectif international de juristes a appelé jeudi les chancelleries française, belge, espagnole et l'Union européenne à ‘‘dénoncer publiquement cette arrestation arbitraire uniquement motivée par le soutien apporté par la délégation à des prisonniers politiques'‘, a affirmé Me Joseph Breham, membre du collectif qui devait rejoindre la délégation mercredi soir. En France, des appels se font entendre de plus en plus demandant au gouvernement d'intervenir pour que le Maroc libère les détenus politiques sahraouis. Le maire d'Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, avait appelé récemment le gouvernement français à se préoccuper de la situation des détenus politiques sahraouis et à intervenir en leur faveur auprès des autorités marocaines. Dans une lettre envoyée au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, le maire d'Ivry a souligné qu'au nom des valeurs de la République française, ‘‘il parait urgent que le gouvernement français se préoccupe (à) de cette situation (des détenus sahraouis) et intervienne auprès des autorités marocaines en faveur de ces défenseurs des droits de l'homme, injustement condamnés et incarcérés, afin de demander leur libération'‘. Pour sa part, l'ACAT a appelé mercredi la France à faire pression sur le Maroc pour la libération de Naama Asfari, militant sahraoui des droits de l'homme, et de ses 11 codétenus sahraouis. ‘‘L'ACAT appelle la France à faire pression sur le Maroc pour que Naama Asfari et ses codétenus soient libérés'‘, a-t-on conclu.