La promotion de tamazight telle que stipulée dans la Constitution est le "prochain pas à concrétiser" après sa reconnaissance en tant que langue nationale et officielle, ont estimé mardi à Batna des chercheurs en langue tamazight et des intellectuels. Il est impératif après la constitutionnalisation de tamazight de "mettre en place les mécanismes nécessaires" pour valoriser les véritables dimensions culturelles, historiques et civilisationnelles de cette langue a précisé à l'APS, le président de l'association nationale Aurès- El Kahina, Bachir Aguerabi, soulignant que la célébration du 36ème anniversaire du printemps berbère se déroule sur fonds d'un acquis majeur, celui de la reconnaissance de tamazight. Il a, dans le même contexte ajouté que le colonialisme français a tenté d'occulter les spécificités de cette langue, dans sa démarche de ‘‘brouiller'' l'identité du peuple algérien. "Loin d'être une langue figée, le tamazight a "une dynamique propre" et doit être libérée du carcan folklorique voulu par l'occupant et promue dans les divers domaines", a ajouté M. Aguerabi. Pour le commissaire du festival culturel national de théâtre amazigh, Salim Souhali, la balle est "dans le camp des universitaires et de l'intelligentsia" qui doivent définir les contours de la langue amazighe en Algérie et enrichir son champ par le développement de la créativité dans les divers secteurs et l'élargissement de son enseignement dans les établissements scolaires. Il faut en premier, a considéré Souhali, "sortir le tamazight du cercle ethnographique et £uvrer à unifier ses variantes" par notamment l'adoption de l'alphabet tifinagh pour son écriture, qui selon lui, sera "un choix dépassant les considérations régionales et politiques''. De son côté, le chercheur en culture amazighe dans la région des Aurès, Mohamed Merdaci, a plaidé pour "la mise en place de mécanismes décentralisés" pour répertorier les composantes du tamazight dans chaque région. Le tamazight étant, a-t-il assuré, "un patrimoine commun à tous les Algériens et un élément fondamental de l'identité nationale". Le tamazight est entré dans une nouvelle phase historique qui exige une stratégie adéquate pour sa valorisation, a souligné Djamel Nehali, chef du département de la langue et de la culture amazighes à l'université Batna-1, dont la première promotion de licenciés en tamazight est attendue en juin prochain. Pour M. Nehal, le tamazight a dépassé "le cadre revendicatif et est en passe de s'auto-affirmer et valoriser ses trésors'' en tant que langue et en tant que patrimoine matériel et immatériel plongeant ses racines au plus profond de l'histoire. La présidente de l'association Aurès pour la culture et les sciences humaines, Naïma Delloul, a souligné quant à elle que l'Algérie a été le premier pays du Maghreb à constitutionnaliser le tamazight, estimant nécessaire la conjugaison des efforts de tous les secteurs et départements ministériels pour sa généralisation dans les administrations, la promotion de la production intellectuelle et culturelle et le recrutement de diplômés dans cette langue. Pour la journaliste Lamia Sekri, les acquis obtenus aujourd'hui par le tamazight dont son officialisation sont le fruit d'un "militantisme inlassable pour sa réhabilitation en Algérie".