Les sociétés complices avec le Maroc dans l'exploitation des richesses du Sahara occidental occupé contribuent à prolonger le conflit opposant le Maroc et le Front Polisario et privent le peuple sahraoui de ses droits à une vie décente, affirme une étude publiée récemment au Royaume Uni. Dans la dernière édition de la revue britannique The Journal of North African Studies, une étude réalisée par la présidente de Western Sahara Ressource Watch (WSRW), Joanna Allan, souligne que le peuple sahraoui souffre, alors que sa richesse est dépouillée par des firmes complices avec l'occupant marocain. Les sociétés d'énergie "risquent de donner (...) un financement important à l'occupation marocaine en créant simultanément, d'autres obstacles au processus de paix de l'ONU", estime l'étude, qui relève l'illégalité de toute exploitation des richesses du peuple sahraoui. Il est signalé que l'occupant marocain exploite le phosphate, le poisson, les produits agricoles, le sel, le sable, l'énergie éolienne et dans les territoires sahraouis occupés, ne laissant aucune chance aux sahraouis d'en bénéficier. Toute la pêche au large des côtes se fait par des chalutiers appartenant à des Marocains. A Dakhla, où la pêche est la principale industrie, seulement 5% des travailleurs sont des Sahraouis, lit-on, par ailleurs, dans le rapport. L'industrie du phosphate emploie actuellement environ 3000 travailleurs, seulement 21% sont des Sahraouis qui sont souvent embauchés dans les emplois les moins rémunérés, regrettent les initiateurs de l'étude. Toutes les exploitations de tomates sont la propriété de la famille royale marocaine, de puissants conglomérats marocains ou des entreprises multinationales françaises. "Paradoxalement, les réfugiés sahraouis vivent grâce à l' aide humanitaire dans les camps en Algérie et ne reçoivent aucune compensation de l'exploitation de leurs ressources naturelles", note l'étude, citant le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. L'exploitation potentielle des gisements de pétrole découvert par les Espagnols dans les années 1940 et 1950 est maintenant imminente sur le territoire sahraoui, ou des programmes "illégaux" d'exploitation ont été mis en place permettant à des compagnies européennes de commencer le forage. Il est affirmé que cette exploitation est illégale puisque la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental n'est pas reconnue par la communauté internationale, pire, il s'agit d'une question de décolonisation d'un territoire occupé par une force étrangère. Dans ce contexte, le droit international interdit à une puissance occupante d'exploiter les ressources naturelles du pays occupé sans le consentement des peuples autochtones. L'exploitation des ressource sahraouies est posée par l'étude comme une atteinte aux droits du peuple Sahraoui, une question que le Conseil de sécurité des Nations Unies n'arrive pas à inclure dans le mandat de la MINURSO, en raison du veto de la France, relève Mme Allan. Elle a indiqué, toutefois, que la souveraineté sur les ressources naturelles est devenue une "cible stratégique" de la résistance sahraouie, focalisée depuis longtemps sur les droits de l'homme et l'indépendance. La signature des accords de pétrole et de gaz avec les grandes firmes coïncide avec une nouvelle phase de la résistance sahraouie, à l'exemple de la manifestation de Gdeim Izik, qui s'est opposée à l'exploitation des ressources sahraouies en 2010, a-t-elle rappelé. Des manifestations sont organisées régulièrement par les sahraouis pour dénoncer l'exploitation de leurs richesses et beaucoup de militants sahraouis sont harcelés, arrêtés et torturés par l'occupant marocain. Par ailleurs, l'étude aborde le mouvement de solidarité internationale contre l'exploitation des ressources naturelles sahraouies par l'occupant marocain, et qui fait pression sur les grandes firmes pour qu'elle abandonnent leurs activités sur le sol sahraoui. La "guerre diplomatique" du front Polisario contre les exploitants a été lancée en même temps que sa bataille juridique internationale, dans laquelle il a gagné un procès contre l'Union européenne (UE) en Décembre 2015, est-il mentionné.